Le design récoltait 720 000 € ce dimanche. Le meilleur résultat, 65 000 €, revenait à un canapé et deux fauteuils créés par Pierre Jeanneret pour Chandigarh, en Inde (voir photo page 104). Son mobilier a été imaginé conjointement aux bâtiments sortant de terre, pour une œuvre totale supervisée de 1951 à 1966. Ses créations sont sur le devant de la scène depuis une vingtaine d’années, du jour où l’administration indienne, se désintéressant du site, a commencé à vendre le mobilier usagé, pour le remplacer par du neuf. Une aubaine pour les spécialistes occidentaux, qui apprécient la sobriété de ses formes, dont la puissance élémentaire est renforcée par l’usage de teck massif. Les sièges présentés ce dimanche reposent sur un piétement en «V», prolongement des recherches esthétiques du Scissor Chair, édité par Knoll à partir de 1948. Une dizaine d’années plus tôt était conçue l’autre vedette de l’après-midi : le fauteuil reproduit ci-dessous, dont l’esthétique inspira Charlotte Perriand pour ses sièges en bambou en porte-à-faux, exposés à Tokyo en 1941. Tout un emblème, dont le Centre Pompidou se portait acquéreur, grâce une préemption à hauteur de 13 000 €. Hommage est ainsi rendu à son auteur, Ubunji Kidokoro. Cet artiste du bambou courbé a perpétué une technique ancestrale en pliant le matériau aux exigences de sobriété fonctionnelle des intérieurs japonais. De quoi séduire Charlotte Perriand, qui trouva dans cet objet matière à réflexion sur la légèreté et la mobilité du mobilier, mais également le traitement de l’espace et les jeux de lumière. Ces derniers étaient également travaillés par Jean-Michel Frank, dont une paire de lampadaires en laiton séduisait à hauteur de 28 600 €, grâce à son graphisme filiforme des années 1940. Épurés, mais dotés d’une forte personnalité, les deux fauteuils Tulipe et la table d’Estelle & Erwin Laverne, reproduits page 77 de La Gazette n° 32, ne trouvaient pas preneur.