Daniel Cordier a eu une double vie, de résistant et d’amant de l’art contemporain. Témoin et acteur du marché de l’après guerre, il y a montré un goût immodéré pour l’école buissionnière.
L’hommage consécutif à la disparition de Daniel Cordier, le 20 novembre, à 100 ans révolus, a permis de rappeler le rôle de celui qui devint en 1942 l’assistant de Jean Moulin. Celui-ci l’a initié à l’art : comme il était lui-même amateur averti, l’une de ses couvertures était celle de marchand d’art. C’est donc tout naturellement qu’il lui parlait peinture, surtout dans les lieux publics. En 1943, il l’emmena voir les Kandinsky d’une exposition à Saint-Germain-des-Prés. Les deux hommes s’étaient promis d’aller au Prado ensemble. Cordier ira seul en 1944, lors d’un passage en Espagne. Désordre formel Ayant hérité de son père, mort en 1943, il acquit quelques tableaux dont une œuvre de Jean Dewasne. Stéphane Hessel, avec lequel il s’était lié d’amitié à Londres, fut de ceux qui lui conseillèrent de s’orienter du côté de l’art, lui donnant le contact de Marcel Duchamp à New York. En 2017, à Drouot, regard bleu pétillant et bons mots aux lèvres, invité à raconter son histoire en marge de l’Outsider Art Fair, Daniel Cordier relate sa visite, en 1945, de la première exposition de Nicolas de Staël, à la galerie Jeanne Bucher, à la suite de laquelle il alla à la rencontre du peintre à Montparnasse. «Mon premier achat, dit-il, fut…
com.dsi.gazette.Article : 19166
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