1941 : Marseille est la porte du monde, comme il est dit dans le premier des nombreux panneaux scandant le parcours de l’exposition. Une porte vers la liberté pour beaucoup en ces temps de guerre, dont la photographe allemande Germaine Krull (1897-1985) et le scénariste et écrivain français Raymond Assayas, allias Jacques Rémy (1911-1981), qui embarquent à bord du Capitaine-Paul-Lemerle en mars. La scénographie, tout en longueur, est comme la métaphore de ce voyage en cargo qui les mènera à Rio quelques semaines plus tard. Au mur, les tirages noir et blanc, dans des maries-louises blanches, sont sagement alignés. Leur petite taille et la lumière tamisée du cloître Saint-Trophime obligent à s’approcher au plus près pour découvrir le contenu des images : le sujet intime de ce carnet de voyage s’y prête. Dans une longue table-vitrine, de nombreux documents originaux, photos et lettres manuscrites, ajoutant à l’émotion, racontent ce périple. Dans les cartels, les commentaires de Germaine Krull permettent d’en savoir plus, notamment sur l’escale à la Martinique, où les voyageurs furent assignés à résidence pendant une quinzaine de jours nous sommes dans la France de Vichy. Pour la plupart inédites, ces photos retrouvées dans la maison de campagne familiale par le fils de Jacques Rémy, Olivier Assayas cocommissaire de l’événement , donnent à voir une Germaine Krull inattendue, loin de celle qui publia le portfolio Métal en 1928. Une exposition où l’on doit prendre son temps.