Ce dessin a appartenu à Nicholas Guppy. Botaniste et ethnologue, il s’intéressait aussi à l’art, à tel point qu’il ouvrit une galerie à Londres. On lui doit aussi un ouvrage sur Calder, que le maître a illustré.
Le monde de Calder ne se cantonne pas aux mobiles qui ont fait sa renommée. Mais dans chaque discipline où il s’est impliqué, l’artiste était à la recherche du mouvement. Dans un premier temps, son cirque animé de personnages de fil de fer séduit l’avant-garde artistique parisienne. Étonnant pour un Américain, petit-fils et fils de sculpteur, qui a fait des études d’ingénieur avant de succomber au virus familial. Il s’inscrit à l’Art Students League de New York et, en 1928, s’embarque pour la France, destination Paris où il rencontre notamment Joan Miró, dont l’art, les couleurs et l’humour inspireront ses gouaches. Pour transmettre la vie à ses figurines du Cirque, il prend des croquis sur le vif ; quelques lignes sinueuses évoquent les cabrioles d’un singe. Pour réaliser ces dessins, il passe des journées entières au zoo. Même dans ses œuvres les plus abstraites, il reste fidèle à l’émotion ressentie face à la nature. Un même élan pousse Nicholas Guppy, son diplôme de botanique en poche, à partir explorer les forêts tropicales de Guyane et du Brésil ; il y rencontre les Wai Wai, chez qui il passera de longs séjours pour écrire une œuvre majeure sur ce peuple inconnu. Il en admire la gentillesse, la beauté des ornements de plumes et leur musique. À Londres, il se lie avec Francis Bacon, rencontre Calder, qui deviendra un ami. Ces deux Américains Guppy est natif de Trinité-et-Tobago faisant carrière en Europe partagent la même sensibilité aux éléments, avec peut-être une prédilection pour la mer et le milieu aquatique. De fait, nombre d’œuvres ayant appartenu à Nicholas Guppy rappellent les fonds sous-marins : algues doucement agitées par le courant, rayons d’un soleil couchant atteignant les profondeurs…