La collection Simeoni, riche de quelques créations mobilières de haute volée de BVRB, Boulle et Pierre Roussel, recevait les suffrages espérés.
Tout à fait logiquement et tout aussi mérité, le trio gagnant de la collection réunie par René Simeoni durant près de trente années (voir l'article Au cœur de l’ébénisterie française de l’Ancien régime avec BVRB, Boulle et Roussel de la Gazette n° 24, page 27) était constitué de l’armoire à folios de BVRB, de la commode de Pierre Roussel et du cabinet attribué à André-Charles Boulle. La première – découverte en couverture de la Gazette n° 25 (voir l'article Une armoire à folios de BVRB, chef d’œuvre du mobilier XVIIIe) –, est selon les mots de l’expert et du commissaire-priseur, «une icône du mobilier du XVIIIe siècle» et son résultat de 1 264 000 € une véritable joie pour tous les amoureux de mobilier et de son auteur, le grand Bernard II Van Risen Burgh. Parfaitement historiée, ayant appartenu au comte d’Arnouville (1701-1794) –bibliophile ayant commandé spécialement ce modèle unique pour abriter ses grands in-folio –, elle rejoint la collection de la fondation Bemberg de Toulouse. Un adoubement qui aurait certainement plu à son précédent propriétaire… Du même ébéniste, deux petites tables à écrire en marqueterie de bois de rose et de violette dites «à la Pompadour» étaient emportées à 98 592 et 78 368 €. La commode au décor en laque de Coromandel inclus dans des encadrements cernés de bronze doré est également une pièce de choix (reproduite page de droite). Estampillée Pierre Roussel, exécutée vers 1750-1755 en pleine vogue des chinoiseries, elle affirme sa forte personnalité grâce à ses personnages en relief et en couleurs, se détachant sur le fond noir du bois. Elle ne laissait évidemment pas indifférent et recevait 410 800 €. Quant à la dernière pièce du trio de tête, le cabinet (200 x 134 x 50 cm) en bois teinté, amarante, épine-vinette, padouk et satiné, sur fond d’ébène, attribué à André-Charles Boulle (1642-1732), du grand siècle de Louis XIV (vers 1670), c’est à 404 800 € qu’elle était acquise. L’expert Pierre-François Dayot se réjouit de ces résultats : «Cette vente qui a merveilleusement fonctionné, dopée par l’effet sincérité d’une collection, lance un signal très précieux. Elle apporte une nouvelle fois la preuve de l’attractivité du marché français et de Drouot et de la possibilité pour un commissaire-priseur de province de venir y vendre.»