Un dessin sortait ses serres et s’envolait devant l’ensemble de mobilier Charles X.
En avance sur le calendrier – la Semaine du dessin étant attendue dans la capitale pour la fin du mois –, une plume, encre brune et lavis d’encre rose et grise annoncée avec prudence, au sujet à la fois teinté d’un réalisme populaire et italianisant d’un Départ pour la chasse aux faucons, avançait vers un résultat de 107 950 €. Il s’agit d’une œuvre attribuée à Karel van Mander (1546-1606), artiste, mais aussi historien de l’art bien connu pour son Schilderboeck ou Livre de peinture, un manuel publié à Haarlem en 1604 que tout bon peintre hollandais du XVIIe siècle se devait de posséder. Flamand réfugié dans les Pays-Bas du Nord lors des troubles religieux des années 1580, il a visité l’Italie et découvert le maniérisme à travers sa rencontre avec Spranger. Une fois fixé à Haarlem, il ouvre une académie de dessin où, pour la première fois en Hollande, l’étude de nu se fait d’après modèle vivant. Jacques Foucart, auteur de sa notice pour l’Encyclopædia Universalis, écrit que «plus encore que peintre, Van Mander est dessinateur» et que la plupart de ses feuilles firent l’objet de gravures. L’acheteur qui a engagé ce généreux montant, similaire aux dernières adjudications internationales pour l’une de ses œuvres sur papier, en aurait-il retrouvé la trace ? Dans un tout autre registre, la seconde partie de l’après-midi voyait défiler un ensemble de mobilier Charles X, provenant de la galerie liégeoise Le Couvent des Ursulines et réuni sur trente années par l’un des spécialistes du genre, l’antiquaire Jean-François Taziaux (voir l'article Charles X : un peu, beaucoup, passionnément page 45 de la Gazette no 8 du 28 février). Ces canapés, méridiennes, tables, guéridons, fauteuils et autres consoles, souvent en placage de bois clair incrusté de filets de palissandre ou d’amarante, étaient adjugés entre quelques centaines et 10 795 €, récompensant au plus haut une vitrine (148 x 112 x 46 cm) en placage de thuya attribuée à Alphonse Giroux : une signature que l’on trouvait cette fois vraiment sur un guéridon aux armes de la dûchesse de Berry formant table à jeu de brelan (reproduit page de droite), d’une autre provenance. Ce rare modèle d’une belle élégance, réalisé par une maison spécialiste de tabletterie et de petit mobilier précieux fournissant les têtes couronnées d’alors et leurs familles, s’installait à 49 530 €.