Avec MIART à Milan, au printemps, la foire bolognaise est la plus importante d’Italie en matière d'art contemporain. Retour sur une édition 2018 en forme de transition.
Avec 182 exposants (dont 152 galeries, une de moins qu’en 2017), Arte Feria est un poids lourd des foires italiennes et plus généralement des salons de début d’année. Une fois encore, tout l’écosystème de l’art transalpin se pressait au centre des congrès de Bologne, aux portes des halls 25 et 26. Foire historique s’il en est quarante-deux éditions au compteur , Arte Fiera s’accompagnait pour la sixième fois d’Art City Bologne, qui mettait l’art au centre de la ville le temps d’une semaine. Mais quelle était l’ambiance dans les murs ? Difficile d’espérer attirer davantage que les 48 000 visiteurs de 2017. Bologne, ville du nord-est de l’Italie, compte moins de 400 000 habitants, dont un quart d’étudiants. Avec une manifestation principalement tournée vers un marché local ou, au mieux, national, les exposants devaient composer avec un public d’habitués. «Aujourd’hui, il n’y a tout simplement ni galeries ni collectionneurs étrangers ; la foire devrait essayer de communiquer davantage auprès d’un public international et notamment de jeunes galeries», estime Giordano Raffaelli, du studio qui porte son nom, à Trente, « l’événement gagnerait en fraîcheur et en dynamisme et attirerait de nouveaux visiteurs. » Néanmoins, selon Angela Vattese, directrice artistique de la foire depuis deux ans, « le public était cette année davantage composé de connaisseurs. Du coup, les ventes ont parfois mis plus de temps à se déclencher que les années précédentes. »
Belle visibilité
Sur ce point, tous les galeristes sont d’accord. Les ventes quand elles se réalisent se concrétisent les derniers jours. Alessandra Bonomo, basée à Rome et qui participe depuis trente ans à l’événement, nous confie : «Il y a eu de l’intérêt mais il est trop tôt pour savoir quelles vont être les retombées de la foire.» Giordano Raffaelli confirme : «Même si nous avons vendu quelques pièces, nous continuons de discuter avec des collectionneurs pour une majorité d’œuvres. On ne pourra véritablement faire un bilan commercial que dans quelques mois. » Pour leur part, les poids lourds, comme la galerie Continua, profitaient pleinement de l’intérêt des collectionneurs. Pour Lorenzo Fiaschi, directeur de celle-ci, «l’édition fut très réussie. Nous ne manquerons pas de revenir l’année prochaine. Nous avons eu beaucoup de succès avec les masques et les objets de Pascale Marthine Tayou, tout comme avec les œuvres d’Anish Kapoor ou de José Yaque ». Les petits acteurs profitaient eux aussi d’une belle visibilité, mais cela ne se traduisait pas nécessairement en argent sonnant et trébuchant. «Pour nous, la foire est une vitrine importante. Pour une galerie basée dans une petite ville, c’est une belle occasion de rencontrer les collectionneurs», ajoute Giordano Raffaelli. Idem pour la galerie Eidos, d’Asti, et son directeur Mario Soria : «Arte Fiera est tout simplement la foire la plus importante d’Italie. Les visiteurs étaient enthousiastes quant à notre exposition “Signe : de la main à la lumière”, présentant des œuvres d’Hans Hartung et de Bruno Di Bello.» Alors, que reprocher à la foire si ce n’est son positionnement, délibérément national ? Pour Alessandra Bonomo, «ce rendez-vous n’est pas toujours homogène quant à ses propositions artistiques». Malgré cela, «on trouve toujours des pièces intéressantes. Arte Fiera a réussi à conserver une qualité générale de vraiment bon niveau.» Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour l’année prochaine. Ciao a tutti !