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Arlequin, valet de comédie devenu sujet récurrent de Picasso

Publié le , par Claire Papon et Anne Foster
Vente le 24 juin 2019 - 14:30 (CEST) - Salle 5 - Hôtel Drouot - 75009

De la période rose aux œuvres des dernières années, Picasso n’a cessé de revenir à la figure d’Arlequin comme à un double de lui-même. Il le place de préférence dans l’univers du cirque, spectacle dont il raffolait.

Pablo Picasso (1881-1973), Arlequin, vers 1905, crayon sur papier, 25 x 19 cm. Estimation :... Arlequin, valet de comédie devenu sujet récurrent de Picasso
Pablo Picasso (1881-1973), Arlequin, vers 1905, crayon sur papier, 25 19 cm.
Estimation : 100 000/200 000 

© Succession Picasso, 2019

Gratter sa mandoline, esquisser quelques pas de danse… tel est le sort réservé à Arlequin, saltimbanque fait pour amuser la foule. Même si, comme ici, avec un sourire quelque peu ironique il s’adresse à un seul singe, assis sur un gros ballon et très admiratif. Ce dessin date des années 1904-1906, lorsque Picasso est installé au Bateau-Lavoir. Il vit avec Fernande Olivier, ses amis se nomment Max Jacob et Guillaume Apollinaire. Une de leurs occupations favorites, reprenant ainsi la fréquentation des chapiteaux à Barcelone, est de se rendre au cirque Medrano, sis boulevard de Rochechouart, à l’angle de la rue des Martyrs, au pied de la butte Montmartre. Les forains, les clowns et leur ménagerie inspirent les «Saltimbanques», série de toiles, de dessins et de gravures. Et comme toujours, leur lecture se fait sur plusieurs niveaux, ce dont Apollinaire se rend compte dès l’exposition du 25 février 1905 à la galerie Serrurier, boulevard Haussmann. Dans son compte rendu, publié en mai de cette même année dans La Plume, on peut lire : «Elles enfantèrent de futurs acrobates parmi les singes familiers, les chevaux blancs et les chiens comme les ours […] La couleur a des matités de fresque, les lignes sont fermes.» Le poète poursuit en faisant référence aux babouins d’Égypte, vénérés comme des demi-dieux et aux arlequins qu’on ne peut confondre avec des histrions. «Leur spectateur doit être pieux, car ils célèbrent des rites muets, avec une agilité difficile.» Picasso révère Arlequin comme un double incarnant la solitude et la fragilité du peintre. À cette époque, il décrit les artistes du cirque dans leur quotidien, avec leurs enfants et leurs animaux, s’entraînant ou se reposant. Jusqu’à ses ultimes années, il reviendra à son double, comme amoureux, ensuite plié  dans tous les sens du terme  à la volonté de l’artiste et, enfin, dans la triste figure que lui renvoie son miroir. Ce dessin demeure un souvenir enchanté de la joie de vivre malgré le manque de ressources et de reconnaissance, que Picasso magnifiera en 1917 dans le rideau de scène Parade.

lundi 24 juin 2019 - 14:30 (CEST) - Live
Salle 5 - Hôtel Drouot - 75009
Aguttes
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