Au milieu du XVIIe siècle, il reste encore tant à découvrir du vaste monde. Les Hollandais s’y emploient, lançant vaillamment leurs goélettes et leurs équipages. L’enjeu est de taille, s’agissant rien de moins que de s’assurer la suprématie sur les mers, et donc sur la possession des terres et de leurs richesses… et d’évincer définitivement les Portugais. La concurrence anglaise est cependant rude, et la Hollande a bien besoin de ses talentueux géographes pour l’accompagner dans sa tâche. Sur ce sujet, elle peut être tranquille, car ce sont bien eux qui dominent. Et en particulier Jodocus Hondius (1563-1612), passé à la postérité pour avoir établi Amsterdam comme centre européen de la cartographie dès le début du XVIIe, grâce à ses cartes du Nouveau Monde et à la republication, étoffée de vingt-six cartes supplémentaires, du fameux Atlas de Mercator. À sa mort, sa femme et ses deux fils, Jodocus II (1593-1629) et Henricus (1597-1651), poursuivent son œuvre. Suite au décès prématuré de son aîné, Henricus s’associe avec Johannes Janssonius (1588-1664), devenu son beau-frère. Ensemble, ils publient le Théâtre du monde ou Nouvel atlas comprenant les tables et descriptions de toutes les régions de la Terre entre 1639 et 1641, une version considérablement augmentée de l’ouvrage paternel. Trois volumes in-folio enrichis de 318 planches sur 321 pour un exemplaire complet en témoignaient à 48 444 €, malgré des reliures endommagées par un accident dû à l’eau. Janssonius ne s’arrêtera pas là, en concurrence avec un autre nom célèbre, Willem Blaeu. Année après année, il poursuivra son «grand œuvre» et publiera en 1660 son Atlas Major, un monument en onze volumes dont l’un consacré au ciel. En faisant de la Terre le plus bel endroit qui soit, les cartographes s’invitent dans la découverte de l’univers et leurs résultats, inlassablement, montrent la fascination que leurs travaux inspirent.