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Ai Weiwei

Publié le , par Emmanuel Lincot

Rencontre avec l’artiste dissident chinois au palais de Rumine, à Lausanne, qu’il investit avec une importante exposition de ses œuvres, fortes et iconoclastes.

Ai Weiwei devant le grand cachalot (mâchoire inférieure) du musée cantonal de zoologie... Ai Weiwei
Ai Weiwei devant le grand cachalot (mâchoire inférieure) du musée cantonal de zoologie de Lausanne, 2016.
Photo Alfred Weidinger
Dans les années 1930, c’était l’écrivain Lu Xun qui incarnait la conscience de la Chine. Aujourd’hui, c’est Ai Weiwei. Depuis près de vingt ans, l’artiste est devenu une icône de son pays. Turbulent, dérangeant, il a été incarcéré quatre-vingt-dix jours par le régime de Pékin, en 2011, après s’être insurgé contre la corruption des cadres du Parti au Sichuan, là-même où plusieurs milliers d’enfants avaient péri dans un tremblement de terre particulièrement meurtrier. Les blessures de l’âme nées depuis restent ouvertes. Et malgré le «danger» de ne pas revoir sa mère, demeurée seule à Pékin, cette rage intérieure qui le dévore et qui dit tout de son dégoût du pouvoir en général l’anime et, plus que jamais, le porte. Ai Weiwei aime à se lancer des défis. «Non comme artiste. Je ne me définis d’ailleurs pas comme tel. Je pourrais aussi bien être coiffeur ou cuisinier. Au reste, je n’ai pas besoin de grand-chose pour vivre. Cependant, j’ai besoin sans cesse d’apprendre quelque chose de nouveau. Et de faire en sorte que la vie soit plus vivable». À la question de savoir s’il ne craint pas la surmédiatisation, il répond qu’à 60 ans il travaille avant tout pour lui-même et pour son fils de 8 ans, qu’il cherche à «épargner», comme l’avait fait son propre père, l’immense poète Ai Qing (1910-1996), dont le spectre hante encore sa mémoire. Francophone ayant passé l’entre-deux-guerres à Marseille, celui-ci avait été mis à l’index comme «élément droitier» par Mao Zedong…
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