Fabriquée en Chine, cette assiette de porcelaine de la «famille rose» fait revivre les grandes heures de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.
L’inscription, au sommet de cette pièce, laisse peu de place au doute. Le navire ornant le centre de l’assiette n’est autre que le Vrijburg, commandé par le capitaine Jacob Ryzik, en 1756, en mer de Chine. Il participa en son temps à la réputation de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, due à la place centrale qu’elle occupait dans le commerce maritime international. Toute une série, issue des fours de Jingdezhen, fut d’ailleurs consacrée à ce vaisseau, comme en témoigne un exemplaire au décor similaire, mais de diamètre supérieur, conservé à Paris, au musée Guimet (numéro d’inventaire G106), provenant de l’ancienne collection Ernest Grandidier. Destiné à l’exportation, ce genre de pièce de commande était envoyé en Hollande afin de garnir les ensembles des membres de la fameuse VOC (Vereenigde Oostindische Compagnie), créée en 1602. Durant près de deux cents ans, ce regroupement de marchands fit la gloire et la richesse des Provinces-Unies des Pays-Bas, et fut précurseur en bien des domaines : dans la conquête maritime, bien sûr, mais aussi dans le capitalisme, avec son entrée en bourse. Au milieu du XVIIIe siècle, plus de cent mille personnes travaillent pour la compagnie, afin de rapporter en Europe des textiles, des épices, des laques, de l’or ou des porcelaines dans les cales de bateaux qui sont à la fois à des bâtiments commerciaux de grandes dimensions et des navires de guerre, prêts à parer à toute mauvaise rencontre.