Au Havre, le triomphe de Baccio Bandinelli
Avec une enchère vertigineuse, le sculpteur (et peintre) mal aimé prenait sa revanche. À sa suite, une gracile applique de Jean Royère calmait le jeu.

Adjugé : 815 995 €
Ses contemporains, puis certains historiens, lui ont construit une réputation sulfureuse, tout en lui reconnaissant un indéniable talent (voir l'article Baccio Bandinelli le mal-aimé de la Gazette n° 44 de 2019, page 16). Avec la réapparition de ce dessin à la plume, à l’encre brune et pierre noire, représentant un Projet de sculpture colossale de l’amiral Andrea Doria en Neptune (42,7 x 28,6 cm), l’honneur de Baccio Bandinelli était lavé. Après une lutte acharnée, un collectionneur étranger l’a emporté pour 815 995 €, à partir d’une estimation maximale de 80 000 €. On s’en doute, il s’agit d’un record mondial, non seulement pour une œuvre sur papier de l’artiste – la dernière à le détenir étant les Nus masculins debout vendus 331 400 €, chez Artcurial, à Paris, le 27 mars 2019 –, mais également pour ses productions, tous supports confondus (source Artnet) ! Rappelons que ce dessin empreint d’une grande majesté n’est autre que le projet d’une sculpture commandée à Bandinelli par la république de Gênes en 1528. Malheureusement pour l’histoire de l’art, l’artiste au caractère instable semble avoir abandonné le bloc de marbre à peine dégrossi… On redescendait de ces hautes sphères avec le lot suivant : une applique légère due au talent de Jean Royère ; relevant du modèle Bouquet à trois branches, en fer à patine dorée (h. 33 cm), imaginée vers 1960, elle accrochait au passage 9 600 €. Place à la peinture ensuite, avec un très élégant portrait de Femme en tenue de soirée, daté 1936, par François Maurice Roganeau. Pour cette toile lumineuse (130 x 81 cm) du peintre d’origine bordelaise, on déboursait 8 220 €.