Ce tableau de Grandma Moses est aujourd’hui proposé sur le marché français, après être passé, juste après-guerre, par les collections de l’American British Art Center de New York.
Très populaire outre-Atlantique, Anna Mary Robertson Moses propose une peinture naïve dans la lignée d’un Douanier Rousseau. Ses charmants paysages et scènes de vie quotidienne illustrent une certaine douceur de vivre, dans les États-Unis de l’entre-deux-guerres, notamment dans les campagnes, au cœur des grandes exploitations agricoles, ou dans de petites villes recouvertes de neige. Celle que l’on surnomme affectueusement «Grandma Moses» s’est tournée vers la peinture alors qu’elle était déjà septuagénaire, dans les années 1930. Cette fermière de la Nouvelle-Angleterre, épouse de Thomas S. Moses et mère de dix enfants, s’était déjà un peu adonnée, vers 1920, à ce qui allait devenir sa passion, mais elle ne s’y consacra véritablement qu’après la mort de son époux. Il est intéressant de noter qu’elle a commencé ses activités artistiques par la broderie, et que c’est en raison d’une arthrite qu’elle a dû remplacer les aiguilles par des pinceaux. Elle poursuivra ainsi son travail à travers un nouveau médium, tout en conservant la même construction dans ses compositions primitives et colorées. Elle mourra à 101 ans, et sera ainsi active pendant une trentaine d’années, au cours desquelles ses peintures seront très appréciées pour la sensibilité, le sens de l’observation mais aussi le sentiment de nostalgie qui en émanent. C’est le collectionneur Louis Caldor qui remarque, en 1938, certaines de ses œuvres dans la vitrine d’un simple drugstore. Il les signale à un galeriste new-yorkais, qui organise une première exposition en 1940, intitulée «Ce que peint une fermière». Mais la toute nouvelle artiste n’en change pas pour autant sa manière de vivre. Grandma Moses a peint ce qu’elle connaissait, ce qui évoquait son quotidien. Totale autodidacte, elle a élaboré sa peinture, seule dans sa chambre, se remémorant ses paysages favoris du Vermont, animés de nombreux personnages occupés à leur travail. Au-delà de l’artiste, Grandma Moses deviendra une icône de l’Amérique, une figure immédiatement adoptée par le public, et fera notamment la couverture de Life en 1960 à l’occasion de son 100e anniversaire.