Depuis la forme conçue par François-Xavier Tourte, les archetiers apportèrent des améliorations, des perfectionnements à cette baguette. Sartory travailla pour Peccatte avant d’ouvrir son propre atelier et obtenir de nombreuses récompenses.
Sans un archet, violons, violoncelles et altos resteraient muets, et Yehudi Menuhin considérait qu’«un bon archet est aussi important qu’un bon instrument». Son appellation vient de sa ressemblance, dans sa forme primitive, à l’arc. Comme lui, il est composé d’une baguette de bois, muni d’un faisceau en crins de cheval fixé à ses deux extrémités. Ce sont ces crins qui, frottés sur les cordes, produisent le son qui sera amplifié par le corps de l’instrument. L’un des principaux archetiers du XXe siècle sinon le meilleur , Eugène Sartory est une référence pour les professionnels admirateurs de ses créations «synonyme de fiabilité et de cohérence et qui constituent l’archet de prédilection de nombreux musiciens professionnels», selon Gennady Filimonov. «Ce qui les caractérise sur le plan esthétique, explique l’expert M. Winthrop, c’est la conjugaison d’une solidité à toute épreuve, d’un équilibre absolu, et néanmoins d’une souplesse incomparable. Au jeu, un bon archet d’Eugène Sartory enveloppe la corde en produisant une sonorité pleine et sensuelle, à condition, évidemment, que l’instrumentaliste ne joue pas en force !» Toute proche de l’Hôtel Drouot, la Cité Trévise l’est aussi du Conservatoire de musique. Sur la façade de son n° 3, est posée une plaque indiquant qu’Eugène Sartory y résida. En écoutant le murmure du vent dans les arbres et le clapotis de l’eau de la fontaine de la place, il pouvait réciter ce vers de Victor Hugo (Les Rayons et les Ombres, 1840) : «Dans les champs tout vibre et soupire / La nature est la grande lyre, / Le poëte est l’archet divin !»