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Virtuosité strasbourgeoise

Publié le , par Caroline Legrand
Vente le 08 juin 2019 - 14:00 (CEST) - Espace Plein Ciel, 5, allée de l'Europe - 67960 Entzheim

La production de la manufacture de faïence de Paul et Joseph Hannong est mise en lumière au travers de vingt-six lots, entre pièces en trompe l’œil et plats à décor chinoisant.

Manufacture Paul Hannong, Strasbourg, vers 1745-1754. Terrine couverte en forme de... Virtuosité strasbourgeoise
Manufacture Paul Hannong, Strasbourg, vers 1745-1754. Terrine couverte en forme de pigeon, en faïence à décor polychrome au naturel, marquée à l’intérieur du couvercle et sous le corps «5» en bleu, 24,5 x 34,5 cm.
Estimation : 15 000 

En raison de sa localisation, la manufacture de Strasbourg a connu une histoire bien particulière. En effet, une seule famille a dirigé l’unique fabrique de faïence de la ville, de 1721 à 1780. Trois générations de Hannong se sont succédé à sa tête. Charles-François, né à Maastricht en 1669, s’installe en Alsace en 1709. Il y réalise des pipes en terre, jusqu’à sa rencontre avec le peintre céramiste Henri Wachenfeld. S’associant avec celui-ci à partir de 1721, il se tourne vers la production de faïences. Son fils Paul prend la direction de la manufacture en 1732 et décide d’en diversifier l’activité en se lançant dans les cuissons de grand feu, puis de petit feu dans les années 1740, utilisant le fameux pourpre de Cassius. Il fut d’ailleurs l’un des premiers en France à percevoir toutes les possibilités de polychromie offertes par cette technique. Formes et décors flamboyants caractérisent la production de cette époque comme en témoignent, dans ce programme, les trois pièces en trompe l’œil, prenant la forme de pigeons et de perdrix, datées vers 1745-1754. Paul Hannong se fait une spécialité de ces objets naturalistes en forme d’animaux, légumes ou fruits et servant de terrines ou de bonbonnières. Entre réalisme et esprit rocaille, ces pièces garnissaient au XVIIIe siècle les grandes tables européennes, à l’image du service commandé à la manufacture par le dernier prince électeur de Cologne, Clemens August (1700-1761), pour son relais de chasse de la Clemenswerth, livré en 1751 et composé de 550 pièces environ. Sur les autres productions de cette époque présentées à Strasbourg, les motifs floraux dominent, comme pour un plat à décor polychrome de fleurs esseulées, iris épanoui avec une chenille rose, volubilis et jasmin jaune (2 000 €). Paul meurt en 1760. Son fils Joseph lui succède et poursuit dans les décors floraux, à l’exemple d’une impressionnante terrine à «tête d’aigle», et à prise en forme de rose (3 000 €). Il initie également les décors chinoisants, toujours sous l’influence de Meissen, mais aussi des modèles de François Boucher ou du Lyonnais Jean Pillement. 6 000 € sont à prévoir pour un plat ovale de forme argenterie animé de deux Chinois musiciens «de type fin», et 12 000 € pour un plat à décor de deux Chinois, également de «type fin», en train de lutter sur un tertre entouré de rochers, plantes aquatiques et arbustes.

tableaux anciens, mobilier et objets d'art, céramiques, sculptures, bronzes
samedi 08 juin 2019 - 14:00 (CEST) -
Espace Plein Ciel, 5, allée de l'Europe - 67960 Entzheim
Hôtel des Ventes des Notaires