Ces piétements en forme de chimères, faisant partie d’une collection d’archéologie chinoise, nous rappellent que les quatre siècles de la dynastie Han furent une période de progrès économiques, culturels et sociaux pour le pays dirigé par un Empereur et fortement hiérarchisé.
Cette paire figure parmi la collection d’archéologie chinoise évoquée dans l’Événement de la Gazette n° 21 (voir l'article Une Asie aux multiples visages). La dynastie des Han de l’Ouest (206 av.-9 apr. J.-C.), dont la capitale est établie à Chang’an (Xi’an aujourd’hui), marque une époque de référence dans l’histoire de la Chine. Elle doit sa prospérité non seulement à son État centralisé, supporté par un réseau administratif efficace, mais aussi à son ouverture vers l’Asie centrale et la route de la soie. La richesse irrigue toute la société, les articles de luxe ornant les demeures de la noblesse, des rois et des fonctionnaires. Plus surprenant dans cette culture confucéenne, ils se retrouvent aussi chez les riches marchands. Laques rouges et noires, statuettes de céramique polychrome, bronzes souvent dorés et ornements de jade sont l’œuvre d’artisans qualifiés. Pour ces piétements d’angle servant à supporter des miroirs, des tambours ou des vases, l’un d’eux a choisi un animal mythique promis à une grande fortune dans l’art chinois : la chimère ou «qilin». On peut y voir aussi l’origine du dragon, symbole du fils du Ciel adopté par les dynasties futures, qu’elles soient d’origine han, c’est-à-dire chinoise, ou mandchoue comme celles des Yuan et enfin des Qing. Le corps souple et puissant s’appuie sur des pattes de cheval, la queue longue ondule comme les cornes jaillissant de la tête aux yeux globuleux. Ce modèle se retrouvera imité avec talent par des générations d’artisans.