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L’objet et la couleur pure

Publié le , par Claire Papon et Anne Foster
Vente le 29 mai 2019 - 14:00 (CEST) - Salle 10 - Hôtel Drouot - 75009

Cette Nature morte aux vases a appartenu à la galerie Louise Leiris, porte la date de 1928 et est le tableau le plus attendu de cette vacation. Vous aurez bien sûr reconnu la patte de son auteur, Fernand Léger.

Fernand Léger (1881-1955), Nature morte aux vases, 1928, huile sur toile, 34 x 46 cm.... L’objet et la couleur pure
Fernand Léger (1881-1955), Nature morte aux vases, 1928, huile sur toile, 34 46 cm. Estimation : 80 000/120 000 

Dans les années 1920, Léger jouit d’une réputation bien établie d’artiste majeur de l’avant-garde. Il est inscrit dans le mouvement et ses œuvres sont vendues par les deux grands marchands de l’époque, Daniel-Henry Kahnweiler et Léonce Rosenberg. Installé en 1900 à Paris, où il fréquente l’école des Arts décoratifs et l’académie Julian, il pénètre le milieu artistique et se lie d’amitié avec Robert Delaunay, Marc Chagall, Blaise Cendrars, puis Albert Gleizes, Jean Metzinger, Henri Le Fauconnier et les frères Duchamp. Si l’homme est moderne par son appartenance à une époque riche d’innovations artistiques, il l’est aussi par les thèmes qu’il aborde, la machine et la vie urbaine. Dans sa conférence dédiée aux «Réalisations picturales actuelles», en 1914, il déclare toutefois : «Je ne sais pas ce que c’est un sujet ancien ou moderne ; je ne connais qu’une interprétation nouvelle et c’est tout». Ses œuvres sont majoritairement des peintures à l’huile, quand celles de ses contemporains sont des papiers collés, des ready-made, des photographies. Au milieu des années 1920, la plupart des artistes d’avant-garde marquent un temps d’arrêt dans l’exploration de la nouveauté et réalisent des œuvres «statiques». Fernand Léger choisit de réinterpréter le genre traditionnel de la nature morte. De 1925 à 1932, il se consacre ainsi essentiellement à l’étude de l’objet, expérimentant le grossissement des plans, accentuant le contraste des formes et des couleurs. Les objets apparaissent comme sous un microscope, sans perspective… Notre composition très équilibrée est l’une des deux versions de cette Nature morte aux vases. Le peintre aimait décliner certains sujets fétiches. Ici, il accentue le rythme contrasté des couleurs pures, le noir et le blanc, sur lesquelles les objets se détachent à la façon des ombres chinoises. Jouant de l’axe vertical et de l’opposition entre courbes et lignes droites, Fernand Léger crée un véritable univers de formes, imbriquées les unes dans les autres.

mercredi 29 mai 2019 - 14:00 (CEST) -
Salle 10 - Hôtel Drouot - 75009 Paris
Oger - Blanchet , Mathias - Bournazel