Marquet prend le large

Les œuvres sur papier de Marquet dominent en nombre cet ensemble annoncé avec des estimations comprises entre 100 et 10 000 €. Les amoureux du travail unique de cet artiste postimpressionniste se disputeront ainsi, à 300/500 €, un Autoportrait à l’encre de Chine ou encore, à 800/1 000 €, une nature morte à l’huile sur toile de 1945, Les Amandes. Cette dernière, tout comme nombre d’autres pièces présentées, a été peinte à Alger. Marquet, grand voyageur, était très attiré par l’Afrique du Nord, sensible à sa lumière et au bleu azur de sa mer notamment. Il débarque pour la première fois sur les côtes africaines en 1908, à Tanger. De là, il part vers Dakar en compagnie d’Henri Matisse. Les séjours se succéderont les années suivantes : en 1911 entre Tanger et Casablanca, en 1913 dans le sud du Maroc et en 1920 à Alger. Ce dernier voyage est décisif pour l’artiste, qui rencontre à cette occasion sa future femme, Marcelle Martinet, une écrivaine algéroise née de parents français. Ensemble, ils retourneront très régulièrement en Algérie, et y passeront notamment les hivers durant vingt-six ans. À la différence des peintres orientalistes, Albert Marquet ne s’intéresse pas aux scènes anecdotiques ou folkloriques, mais aux paysages et surtout aux vues maritimes. Pour preuve, l’aquarelle Algérie, le balcon de 1924 environ (2 000/3 000 €) – qui doit également beaucoup à son ami Matisse –, ou celle de 1942 intitulée Campagne, Alger (1 000/1 500 €). La mer est l’un des thèmes favoris du peintre, comme en témoignent les deux marines qui dominent ces estimations : Barque au soleil couchant, de 1896-1897, à l’huile sur panneau de bois (8 000/10 000 €) et La Voile rouge (4 000/6 000 €, voir ci-dessus). Des œuvres où l’on retrouve la palette réduite de couleurs, la simplification des formes confinant à l’essentiel et les contours légèrement flous harmonisant la composition qui caractérisent le travail de l’artiste.