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Édition unique des Fleurs du mal

Publié le , par Caroline Legrand
Vente le 15 décembre 2019 - 14:30 (CET) - 8-10, rue de Castries - 69002 Lyon

Avec des beautés sulfureuses et inquiétantes, Marcel Roux donne vie au mythique ouvrage de Charles Baudelaire, dans une édition unique commandée par un passionné du poète et du peintre.

Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du mal, illustré de 150 dessins originaux... Édition unique des Fleurs du mal
Charles Baudelaire (1821-1867), Les Fleurs du mal, illustré de 150 dessins originaux de Marcel Roux (1878-1922), calligraphie par Henry Varade, S. l., 1921, deux volumes in-4°, maroquin bordeaux.
Estimation : 40 000/60 000 

Quand les Fleurs du mal paraissent, en 1857, c’est un véritable événement, un scandale pour certains et un moment béni de la littérature moderne pour d’autres, comme Victor Hugo ou Barbey d’Aurevilly. Les rapprochements entre le beau et le mal, le lyrisme subjectif, les vers plus libres, les métaphores osées, l’obsession de la mort… autant d’audaces qui ont provoqué les foudres des institutions. Il ne faudra que deux mois au tribunal pour condamner Baudelaire pour «offense à la morale religieuse» et «outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs». Outre une forte amende, il se voit contraint de supprimer six poèmes des prochaines publications de son recueil. Mais le poète, refusant d’abandonner, réussira à faire publier en 1866, à Bruxelles, une version complète de son œuvre, illustrée alors par Félicien Rops. Le peintre symboliste belge prête aux poèmes sa vision mystique de la vie, son regard désabusé sur la société et son goût pour les représentations à la fois sensuelles et inquiétantes de la femme… Des éléments que l’on retrouve chez Marcel Roux, choisi à son tour pour la réalisation en 1921 de cette publication unique, et complète des 137 textes du recueil, réalisée à la demande exclusive d’un passionné de Baudelaire et du peintre. Ces deux volumes sont en outre dotés d’une reliure d’Henri Noulhac (1866-1931) et présentent une étonnante calligraphie d’Henry Varade. Chaque feuillet, en effet, s’orne d’une lettrine décorée à l’aquarelle placée en tête de chaque poème, lui-même calligraphié à l’encre. Marcel Roux est l’auteur quant à lui de 150 aquarelles sur trait de mine de plomb en plein feuillet, toutes signées et titrées à la mine de plomb. À l’époque, le graveur est malade. Il a abandonné sa technique de prédilection, du fait de ses produits toxiques, au profit du dessin et de l’aquarelle. Il démontre dans cet ouvrage tout son talent et sa virtuosité avec la création de ces figures féminines tour à tour belles, inspirées, dangereuses, torturées et misérables, sorties de l’univers baudelairien.