Collection Philippe Legendre

L’expert de la vente, Claude Oterelo, s’avoue fasciné par ce scénario inédit pour lui : celui qui a consisté pendant plus de vingt ans pour Philippe Legendre, professionnel du cinéma et de la télévision formé à l’Idhec, à réunir une collection presque exhaustive d’images des premières décennies du cinématographe. L’ensemble en comprend mille neuf cents, réunies en deux cents cinquante lots dont les estimations oscillent de 200 à 5 000 € pour la plupart, entre 10 000 et 15 000 € pour quelques autres. Celles-ci sont proposées en parfait état de conservation et ont figuré pour certaines dans la collection Émile Pierre, père spirituel de notre collectionneur. Témoins de l’effervescence des tournages en extérieurs ou en studios, elles dévoilent «l’ampleur et la beauté d’une iconographie encore méconnue du public», souligne en préface du catalogue Mireille Beaulieu, chercheuse en histoire du cinéma. Le parcours est chronologique, et débute avec le cinéma forain où s’imposent les premières fictions. Puis viennent les tournages primitifs de Pathé-Frères, les scènes galantes, historiques, comiques ou dramatiques, dont Germinal, film réalisé par Albert Capellani en 1913 d’après le roman d’Émile Zola. Le cinéma des années de guerre est illustré par les réalisateurs et leurs films, mais aussi des portraits d’acteurs, tels Louis Feuillade, Gabriel Signoret… Troisième et dernier chapitre, les années 1919-1929, où se révèle le rôle de premier plan joué par le décor. On le voit tout particulièrement dans les films de Marcel L’Herbier et Jaque Catelain. Dès 1918, L’Herbier est le seul cinéaste de l’époque à rechercher systématiquement la collaboration d’artistes modernes (musiciens, peintres, décorateurs, couturiers, etc.), pour créer des œuvres d’art totales. Les noms de Michel Dufet, des sœurs Callot, de Pierre Chareau, de Jean Lurçat, de Robert Mallet-Stevens, de Sonia Delaunay, de René Lalique, de Jean Puiforcat, ou encore de Claude Autant-Lara, s’inscrivent au générique. Moteur !