Tschang-Yeul KIM (né en 1929) Lot n° 240

Gouttes d'eau, 1974 Huile sur toile Signée et datée en bas à droite olie op doek Rechts onderaan getekend en gedateerd 73 x 54 cm TSCHANG-YEUL KIM NÉ EN 1929 Une mappemonde, un planisphère, un plan de ville sont-ils figuratifs ou abstraits ? les deux, naturellement; encore n'est-ce ici qu'une question d'échelle: en art, la question est plus subtile; il y a pléthore de peintres qui simplifient la figuration jusqu'à ce qu'elle disparaisse; face à aux, sur un versant dépeuplé, Kim, Ghobert, Hélion complexifient l'abstraction jusqu'à ce qu'elle figure: ils sont abstraits, tout en étant apparemment figuratifs. Kim, quoique peignant des gouttes d'eau, et rien que des gouttes d'eau, fait évidemment oeuvre abstraite, tout à la fois (comme celle de Ghobert du reste) recueillie, profondément méditative et gorgée de lumière. Les gouttes étant peintes sur la toile écrue (ou alors uniment préparée), l'oeuvre est pratiquement monochrome; elle est plus que minimaliste puisque la goutte est moins qu'un sujet: un motif, un élément d'une composition; dans une goutte d'eau, par la simplicité de sa forme, de sa matière et de sa structure, par sa transparence et sa petitesse, il n'y a littéralement rien à voir; il n'y a rien même à en dire: informe, incolore, inodore, insipide, elle est moins qu'un grain de sable (Ponge a écrit sur l'eau, la pluie, la mer, les larmes: il n'a pas écrit sur la goutte); éphémère, elle n'est pas plus un objet qu'un sujet: raison suffisante pour ne pas voir dans un tableau de Kim une vulgaire accumulation; ce ne sont pas non plus des variations... comme avec les flacons de Morandi, plutôt une combinatoire. Dans de telles toiles, toute la vie vient des gouttes, de leur nombre, taille, forme et disposition, du jeu de la lumière sur elles, à travers elles (et donc, parfois, de l'ombre sous elles) - une lumière telle qu'on a envie de parler de gouttes de rosée plutôt que d'eau, même s'il arrive que l'une ou l'autre soit s