Jean GENET Lot n° 149

2 Manuscrits autographes, [L'Atelier d'Alberto Giacometti, 1955-1957]; 14 pages in-4 et 20 pages in-4 sur papier ligné, sous chemise autographe signée réutilisée portant le titre Le Fumier. Deux versions, manuscrit de premier jet et manuscrit de travail, de ce texte majeur de la critique d'art, commentaire préféré de Giacometti sur son oeuvre. Picasso disait que c'était le meilleur essai sur l'art qu'il eût jamais lu. Il s'agit d'un recueil de réflexions entrecoupées de fragments d'entretiens avec l'artiste. [Giacometti fit quatre dessins et trois tableaux de Genet entre 1954 et 1957; l'écrivain posa plus de 40 jours pour le grand portrait de 1955, conservé au Centre Georges-Pompidou]. L'essai parut pour la première fois dans un catalogue d'exposition de la galerie Maeght, Derrière le miroir, en 1957, illustré de dessins de Giacometti; puis il fut recueilli en volume en 1958 aux éditions de L'Arbalète, avec Les Bonnes, L'Enfant criminel et Le Funambule; et publié séparément en 1963, avec de belles photographies d'Ernst Scheidegger, à L'Arbalète. «Genet, voyant en Giacometti un travailleur acharné, amoureux de la seule matière qu'il façonne, donne un portrait assez fidèle de sa propre existence, autour de cette année 1957. L'Atelier d'Alberto Giacometti est une sorte de Portrait de l'artiste en sculpteur» (Jean-Bernard Moraly). Sur la genèse et l'importance de ce texte, on lira avec profit le passionnant commentaire d'Edmund White (Jean Genet, Gallimard, 1993, p. 403-408). Le premier manuscrit se compose de fragments de critique et de conversation entre «Lui» et «Moi», séparés les uns des autres par un trait de plume. Presque tous ont été barrés par Genet dans un deuxième temps, sans doute au fur et à mesure de l'élaboration du second manuscrit. Leur ordre sera quelque peu bousculé, avant le texte définitif. En voici le premier, non rayé, seul sur le feuillet, et écarté du texte final: «Peindre, sculpter - écrire me paraît moins étrange - sont de curieuses activités.