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Lot n° 38

Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606-1669) Le Triomphe...

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Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606-1669) Le Triomphe de Mardochée. Vers 1641. Eau-forte et pointe sèche. 212x175. Bartsch-Hollstein 40; Hind 172; Bjorklund-Barnard 41-1; New Hollstein 185 (iii/iv). Très belle épreuve sur vergé mince ivoire (filigrane partiel: écu de Strasbourg, Ash et Fletcher 35 C.b., conforme à celui de l’épreuve conservée au Museum of Fine Arts, Boston), chargée de barbes particulièrement dans la partie gauche du sujet, du 3e état (sur 4), avant que la plaque ne soit complètement reprise à l’aquatinte (par une autre main). Petites rousseurs et taches au verso. Un infime trou au centre visible par transparence. Une minuscule rousseur visible sous l’arche à droite. Ex-coll. J. B. E. Gallice (son paraphe, Lugt 1063, et la date «1870») et marque non identifiée (P.). Addendum : la marque de collection non identifiée (lettre P dans une maison) correspond au collectionneur allemand Paul Heisel, né en 1903, qui s’est particulièrement intéressé à Rembrandt. (Nous remercions Madame Choueiry, de la Fondation Custodia, qui nous a aimablement communiqué cette information). Dans le Livre d’Esther, il est relaté que le roi perse Assuérus, au grand dam de son conseiller Aman, ordonne que le juif Mardochée soit paré du manteau royal et promené en triomphe à travers la ville sur son propre chevalen signe de reconnaissance pour un bienfait passé. «C’est le moment précis que Rembrandt a choisi de représenter. […] L’artiste a pleinement résolu l’impasse technique qu’il avait rencontrée dans la Présentation au Temple en faisant du travail à la pointe sèche une partie intégrante de l’exécution – et non un ajout final. Certaines figures semblent avoir été enrichies de barbes profondes. C’est la première eau-forte dont le clair-obscur est parfaitement pictural, Rembrandt étant parvenu en quelque sorte à peindre avec l’aiguille à graver. […] En ce début des années 1640, l’artiste se montrait soucieux d’intégrer ses personnages à un cadre et la Ronde de Nuit, postérieure d’une année au Triomphe de Mardochée, est un exemple encore plus abouti de ces recherches. […] Aman est le «Banning Cocq» de la Ronde et son geste théâtral qui rappelle celui d’un comédien devant son public est le même que celui du Capitaine de la Garde Civique. […] La salle du théâtre d’Amsterdam a peut-être inspiré le motif très scénographique de la loge où se tiennent le roi Assuérus et la reine Esther. Ce détail, absent de la Bible, est une invention de l’artiste, rendue d’autant plus personnelle que le couple royal possède les traits de Rembrandt et de Saskia. Le temple circulaire qui s’élève dans la vive lumière du fond est un type d’architecture rare chez Rembrandt et peut-être lui fut-il inspiré par l’édifice de forme octogonale que l’architecte Arent van’s-Gravesende était en train d’élever depuis 1639 à Leyde, ville où la mère de Rembrandt résida jusqu’à sa mort. […] Le raffinement et la saveur particulière de la représentation de Rembrandt tiennent à la merveilleuse finesse d’observation de l’artiste; beaucoup de figures semblent être des études «sur le vif» et une esquisse existe pour la mère et son enfant.» (S. de Bussierre, et al., Rembrandt, eaux-fortes, collection Dutuit, Paris, Petit Palais, 1986, p. 149-150).

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