SIEYÈS (Emmanuel-Joseph) et autour. 2 minutes... Lot 21

SIEYÈS (Emmanuel-Joseph) et autour. 2 minutes autographes de lettres d'Emmanuel-Joseph Sieyès à ses amis, et 23 lettres à lui adressées par ceux-ci. 1798-1799. — Berlin, « au pavillon de mon jardin sur les bords de la Sprée, le jour anniversaire de l'an VII, anniversaire de la fondation de la Rép[ublique] » [22 septembre 1798] : « Puissiés-vous, chers et aimables amis... avoir goûté en m'écrivant votre espèce de polyglotte [il répond à une lettre collective qui lui fut écrite au cours d'un repas arrosé, ici conservée], tout le plaisir que vous m'avés donné par sa lecture. Je le proclame homme de goût, celui qui a si bien choisi le local de votre 1ère réunion. Un pavillon ! Une pépinière ! Des fleurs ! Un jardin ! Les Thuilleries ! Tous ces noms sont agréables à l'imagination... » — [Berlin], 7 janvier 1799. « Ah, trois fois véritables amis, le charmant bénédicité que vous m'avez addressé ! Est-il bien vrai qu'au moment de vous aller mettre à table, si pressés que vous fussiés par la soif et la faim... vous avés voulu suspendre votre marche pour donner à votre pauvre ami absent une marque particulière, si aimable et si touchante, de bon souvenir ?... » — CORRESPONDANCE AMICALE REÇUE DE SON CERCLE DE RELATIONS PARISIENNES PERSONNELLES, ALORS QU'IL ETAIT AMBASSADEUR DE FRANCE A BERLIN. Parmi ces relations : le membre du Conseil des Cinq-Cents Jean-Pierre CHAZAL ; l'adjudant-général Louis-Sauveur CHENIER (frère des poètes et hommes politiques) ; le futur sénateur Dominique CLEMENT DE RIS (dont l'enlèvement inspirerait à Balzac son roman Une ténébreuse affaire) ; l'abbé Martial Borye DESRENAUDES, homme de lettres et ancien grand-vicaire de Talleyrand à Autun ; Venceslas JACQUEMONT, ancien secrétaire général des Contributions publiques sous Clavière ; la salonnière Julie Careau, divorcée du tragédien François-Joseph TALMA. Au milieu de propos enjoués se glissent parfois des remarques sur la situation politique et l'opinion publique parisienne. Jean-Pierre Chazal écrit par exemple : « ... L'opinion universelle sur nos négociations diplomatiques est que nos ennemis craignent également la guerre la paix avec nous, qu'ils maintiendront tant qu'ils pourront l'état actuel des choses qui n'est ni la paix ni la guerre... Quoiqu'en puissent dire les explorateurs étrangers, il y a, il y aura longtems union parfaite entre le Directoire exécutif l'immense majorité des Conseils législatifs. Nous avons fait des soldats. Nous ferons de l'argent. Nous ferons bientôt de bonnes loix de police intérieure auxquelles j'ai mis la main. On rappelle aussi Trouvé de Milan [l'ambassadeur de France Charles-Joseph Trouvé]. Foucher de Nantes est son successeur [Joseph Fouché]. Je sais gré, sauf la forme, à Trouvé, d'avoir pour les choses et l'exemple, proclamé qu'UNE ORDONNANCE MILITAIRE N'EST PAS UNE CONSTITUTION QUE DES HOMMES COMMISSIONNES PAR UN GENERAL CONQUERANT [NAPOLEON BONAPARTE] NE SONT PAS LES REPRESENTANS D'UN PEUPLE CONQUIS... »