Charles MEYNIER (Paris, 1763-1832).
Télémaque,... Lot 361
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Charles MEYNIER (Paris, 1763-1832).
Télémaque, pressé par Mentor, quitte l'île de Calypso.
Vers 1800.
Huile sur toile.
H_46 cm L_60,5 cm.
Signé et daté en bas à gauche : meynier ft [date illisible]
H_46 cm L_60,5 cm.
Provenance : France, collection particulière.
Expert : M. Stéphane Pinta, cabinet Turquin
Pour enchérir sur ce tableau, merci de contacter préalablement la maison de ventes.
Élève de François-André Vincent, Charles Meynier partage avec Anne-Louis Girodet le
Grand Prix de l'Académie royale de 1789 avec Joseph reconnu par ses frères (Paris, École
des Beaux-Arts) et séjourne à l'Académie de France à Rome de 1790 à 1793. Chassé par
les émeutes anti-françaises, il passe ensuite une année à Florence où il est l'un des
premiers artistes de cette génération à copier les maîtres de la Renaissance. De retour à
Paris, il exposera régulièrement au Salon de 1795 à 1827, essentiellement des tableaux
d'histoire. Il travaille pour des mécènes privés sous le Directoire et le Consulat puis, dès
le début de l'Empire, reçoit des commandes officielles illustrant les événements
importants des campagnes napoléoniennes (nombreuses oeuvres au château de
Versailles). Il fournit les dessins pour le décor sculpté des l'Arc de triomphe du
Carrousel (Paris, musée du Louvre), pour la manufacture de Sèvres et pour des
médailles. Élu membre de l'Institut pendant les Cent-Jours, Meynier est nommé
professeur à l'École des Beaux-Arts en 1819 et tiendra jusqu'à sa mort un atelier pour
jeunes filles. Comme peintre de décor, il a exécuté cinq plafonds au Louvre et aux
Tuileries entre 1801 et 1827, devenant l'un des principaux représentant de ce genre
qu'il a contribué à renouveler. Sa dernière commande importante, en 1826, est le
plafond de la salle de la corbeille au palais Brongniart, exécuté en collaboration avec
Abel de Pujol. Peintre reconnu et dessinateur prolifique, il s'éteint à Paris, victime de
l'épidémie de choléra, en septembre 1832.
Au Salon de 1800, Charles Meynier présente Télémaque pressé par Mentor quitte l'île de
Calypso. Salué par la critique comme un chef-d'oeuvre, le tableau lui vaut un prix de
première classe. Présenté à nouveau au Louvre à l'occasion des prix décennaux en 1810,
il disparaîtra ensuite pendant plus de deux siècles avant d'apparaître en vente publique
à Nantes au printemps 2018, où il a été acquis par une galerie britannique (fig. 1)1. Très
documenté, le tableau était connu jusqu'alors par deux estampes qui témoignaient de la
composition finale, une gravure au trait de Normand (fig. 2) et une gravure à l'eau-forte
de Châtaigner et Bovinet (fig. 3), et par deux très beaux dessins préparatoires
présentant de nombreuses variantes avec l'oeuvre définitive (Cleveland, The Cleveland
Museum of Art, daté 1800 (fig. 4), et France, collection particulière)2. Aucune esquisse
peinte pour le tableau ne figure dans la vente après décès de l'artiste dont le catalogue
mentionne en revanche plusieurs études dessinées, « Six pièces, diverses études, pour le
Télémaque et autres ». Aux oeuvres aujourd'hui connues s'ajoutent également huit
études à la pierre noire pour des figures, mentionnées par le collectionneur danois
Tønne Bruun-Neergaard en 1801 et qui se retrouvent dans sa vente après décès en
1819.
La toile qui réapparait aujourd'hui vient éclairer de façon significative le processus de
création de ce tableau majeur dans la carrière du peintre. De format modeste mais non
pas petite, signée et datée - même si la lecture de la date s'avère difficile - l'oeuvre est
plutôt un modello qu'une esquisse. Très aboutie, elle pourrait être la toile que Meynier a
soumise à son commanditaire pour validation de la composition générale. Le livret du
Salon de 1800 indique que le tableau appartient alors au « C[itoyen]. Fulchiron », c'est à
dire le banquier lyonnais Joseph Fulchiron (1744-1831) qui a déjà acquis des oeuvres de
l'artiste au Salon en 1795 et 1796.
Une seule esquisse peinte pour le Télémaque est documentée : elle figure en 1803 dans
un état estimatif de la collection du graveur en médaille Augustin Dupré (1748-1833),
dressé lors de son second mariage, le 1er frimaire an XII (23 novembre 1803) : « n° 5 :
Télémaque dans l'Isle de Calypso. Esquisse par Menier, dans sa bordure dorée... 150F »3.
En l'absence de dimensions et de description détaillée, rien ne permet de dire qu'il s'agit
de notre toile même si l'on peut l'envisager. Meynier l'aurait-il d'abord conservée puis
offerte ou plutôt vendue à Dupré ? Il est possible aussi que le modello ait appartenu à
Fulchiron lui-même ou que Meynier ait vendu à tout autre collectionneur cette belle
esquisse en lien avec un grand succès du Salon. Faute d'archive et de provenance
ancienne, nous en sommes réduits aux hypothèses. Pour une composition aussi
importante, il est certain que Meynier, selon son habit
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