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Lot n° 27

PAUL SIGNAC (1863-1935)

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Réservé aux abonnés

Saint-Tropez, le port, 1914 Aquarelle sur papier Signée, située et datée ‘1914' en bas à gauche 36 x 44 cm - 14 1/8 x 17 3/8 in. (Jaunie et rousseurs) Un certificat de Madame Marina Ferretti, en date du 30 janvier 2024, sera remis à l'acquéreur. PROVENANCE: Collection particulière, France (offert par l'artiste puis par descendance) PAUL SIGNAC Saint-Tropez, le port «De 1892 à 1913, la peinture de Signac évolue des premières oeuvres tropéziennes hantées par le souvenir de Seurat à une expression plus souple où il exprime de plus en plus ouvertement un tempérament de coloriste audacieux. Mais ses oeuvres peintes témoignent néanmoins d’une fidélité inébranlable aux théories néo-impressionnistes. À aucun prix, il ne veut déroger à la mission qu’il s’est assignée, mais à l’évidence, les contraintes de la théorie pèsent à l’expansif Signac qui trouve bientôt dans la pratique de l’aquarelle l’espace de liberté nécessaire. Pissarro, qui a lui-même pris ses distances vis-à-vis du néo-impressionnisme et pousse Signac à s’exprimer plus librement, lui a conseillé dès 1888 la technique de l’aquarelle. Signac maîtrise alors à merveille la technique du crayon Comté, et ses premiers dessins témoignent comme ses peintures de l’emprise obsédante du souvenir des oeuvres de Seurat. Il a aussi réalisé quelques intéressantes tentatives de dessins pointillés, essentiellement destinés à reproduire des tableaux dans les journaux. Mais comment traduire l’éblouissant paysage tropézien en noir et blanc ? Signac, qui attend l’arrivée de ses toiles, se souvient des conseils de Pissarro et s’essaye alors à l’aquarelle. Il surmonte rapidement les difficultés auxquelles il se heurte et semble assez content du résultat : à la fin de l’année, il expose dans les salons de l’Hôtel Brébant trois « notations à l’aquarelle » qui dès lors figurent systématiquement auprès des tableaux exposés aux salons des Indépendants et de la Libre Esthétique. Pour sa première exposition personnelle à la galerie Bing en 1902, Signac n’exposera pas moins d’une centaine d’aquarelles, dont la moitié a été réalisée à Saint-Tropez. Dans un premier temps, il s’agit bien de « notations » précises, prises sur le vif. « La rapidité de l’exécution, l’exiguïté du format l’empêchent aussi de s’encombrer de détails qui viendraient figer la sensation », remarque-t-il, en praticien averti, à propos des aquarelles de Jongkind. Et Signac se réjouit d’utiliser ces documents commodes pour le travail en atelier. Car, dès 1894, il renonce ouvertement à peindre d’après nature. À l’évidence, il a pris goût à « ces jeux passionnés avec la nature » et quand, à l’instar de son ami Van Gogh, il s’essaye à la pratique japonisante de la technique « au bambou », où les traits à l’encre de Chine viennent structurer les transparences de l’aquarelle, ce sont de véritables petits chefs-d’oeuvre qu’il réalise. Au tournant du siècle, il renonce à cette technique et, dans les aquarelles, la mine de plomb ou le fusain remplacent le tracé à la plume. Signac dessine de plus en plus, il réalise quelques beaux paysages au crayon de couleur rehaussé de pastel et commence à réaliser de grands cartons préparatoires à ses tableaux au lavis d’encre de Chine, dans la plus pure tradition classique. Bientôt, il multiplie les dessins à la plume. Au cours des quinze dernières années de sa vie, l’aquarelle prend une place prédominante dans l’oeuvre de Signac. Au fil de ses déplacements incessants, il note avidement les détails qui s’offrent à son insatiable curiosité. Lucie Cousturier, son élève et biographe, remarque joliment à ce propos : « Il écrit. Il écrit légèrement, délicatement, par les arêtes des contrastes et les courbes des analogies ; il écrit, avec les lueurs de la nacre et le beau blanc du papier, des poèmes sur la splendeur de l’eau. » Quand Signac publie en 1927 une monographie consacrée à Jongkind, le chapitre consacré à l’aquarelle apparaît comme un véritable traité technique où après avoir exprimé son admiration pour Turner, Cézanne, Jongkind et les Japonais, « ces techniciens du lavis », livre les secrets de son art. » Marina Ferretti, « Dessins et aquarelles », in. Signac & Saint-Tropez, 1892 - 1913, cat. expo., Saint-Tropez, Musée de l’Annonciade, 20 juin - 6 octobre 1992, Reims, Musée des Beaux-Arts, 6 novembre - 13 décembre 1992, Saint-Tropez : Musée de l’Annonciade, 1992, pp. 85-87

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