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Lot n° 17

ÉMILE-JACQUES RUHLMANN (1889 - 1933)

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FAUTEUIL MODÈLE « GUINDÉ », CIRCA 1920 En ébène de Macassar, dossier corbeille, accotoirs recevant chacun une manchette sculptée, montants à motif de passementerie reposant sur des pieds avant fuselés et cannelés, pieds arrière en sabre. Garniture de velours de soie cognac d'origine. Estampillé au fer à chaud « Ruhlmann ». Haut. 88,5 cm - Larg. 51,5 cm - Prof. 63,5 cm PROVENANCE Offert par Émile-Jacques Ruhlmann en 1930 à Yvonne Brunet. À l'actuel propriétaire par descendance. BIBLIOGRAPHIE - Florence Camard, « Ruhlmann », Éditions Monelle Hayot, St Rémy-en-l'Eau, 2009, modèle similaire reproduit pp. 268 - 269 et 316. - Emmanuel Bréon, « Jacques-Emile Ruhlmann ; les archives », Éditions Flammarion, Paris, 2004, modèle similaire reproduit p. 193. Une rencontre artistique au temps des Années folles Figure majeure du style 1925, Émile-Jacques Ruhlmann (1879 - 1933) se voit surnommé par ses contemporains le « Riesener de l'Art déco », une référence au célèbre ébéniste de l'Ancien Régime, tant pour son excellence dans la fabrication des meubles que pour sa renommée. Né le 26 août 1879 à Paris, Ruhlmann est un autodidacte, qui hérite en 1907 de l'entreprise familiale de décoration, située au Marché-Saint-Honoré, dont il élargit rapidement le champ d'activité en produisant des pièces de mobilier précieuses et délicates. Sans être formé au métier d'ébéniste, il imagine chacun de ses meubles, esquissés dans ses cahiers de croquis, et en supervise l'exécution confiée à ses collaborateurs. Après sa participation au Salon d'Automne de Paris en 1910, le succès est au rendez-vous et les commandes affluent. Ruhlmann devient ensemblier, pensant l'intérieur dans sa totalité : architecture, meubles, tapis, textiles, luminaires. Ses propositions atteignent un niveau d'harmonie rarement vu chez d'autres. Son nom est alors synonyme d'élégance et de raffinement. Alors que dans les années 1920, le modernisme défend les valeurs humanistes par l'emploi du fonctionnalisme à destination du plus grand nombre, Ruhlmann recherche à l'inverse le luxe et la qualité du matériau, pour s'adresser à une clientèle aisée. C'est précisément ce prestige qui guide l'artiste dans le choix de ses matériaux et de ses clients. Selon lui, le mobilier doit afficher des finitions parfaites. Le bois est ainsi de belle texture, tel le palissandre des Indes ou l'ébène de Macassar. La renommée de l'ensemblier repose sur l'harmonie créée entre les matériaux utilisés, la réconciliation de la ligne et de la couleur, dont le fauteuil « Guindé » présenté dans la vacation du 29 février est un bel exemple. Le style Art déco français atteint son apogée lors de l'Exposition Internationale des Arts décoratifs et Industriels Modernes, qui se tient à Paris entre avril et octobre 1925. Émile-Jacques Ruhlmann y conçoit l'Hôtel du Collectionneur, véritable manifeste de son style. Cette oeuvre totale représente l'intérieur idéalisé d'un riche amateur d'arts décoratifs modernes, pour lequel le décorateur-ensemblier fait intervenir une quarantaine d'artistes et artisans dans tous les domaines : ébénisterie, céramique, sculptures, ferronneries, luminaires, tapisseries... Ce temple du luxe, l'un des plus populaires de l'exposition, signe ainsi l'esthétique Art déco et intronise Ruhlmann comme le maître incontesté de ce style. C’est dans ce contexte prospère des Années folles que la compagnie londonienne de parfums Yardley & Co. décide de se tourner vers Paris pour se diversifier et se moderniser. Elle rachète dans cette optique la parfumerie française Viville en 1924, dont le slogan « parfums des femmes de France » s’adresse à une clientèle tant nationale qu’internationale. La boutique au 24 avenue de l’Opéra est à proximité des célèbres joaillers et couturiers de la rue de la Paix, et de l’Opéra Garnier où se presse le Tout-Paris en soirée. Viville-Yardley va alors se tourner vers le décorateur le plus prisé de l’époque qu’est Ruhlmann pour concevoir l’agencement de l’intérieur. Ce dernier, très occupé par ses projets en cours, notamment celui du pavillon de l’Exposition de 1925, ne démarrera l’aménagement qu’en 1926, pour l’achever en 1928. Il y mêle des modèles de meubles créés spécifiquement pour Viville- Yardley avec des pièces imaginées pour d’autres clients et impose le vocabulaire caractéristique du classicisme abstrait. À cette occasion, Émile-Jacques Ruhlmann fait la connaissance d’Yvonne Brunet, jeune dessinatrice embauchée par Viville-Yardley pour dynamiser l’image de la marque en concevant flacons de parfums, emballages et tableaux de réclame. Le travail de cette dernière ne manquera pas d’être salué dans un article de la « Revue du Vrai et du Beau » du 10 août 1928 : « Ils se sont adjoint une grande artiste : Yvonne Brunet et lui ont confié la toilette de leurs prod

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