Jacques Adnet (1900-1984)

Rare bar à armature en lames de métal formant "L" entièrement recouvert de cuir et de Skaï noir capitonné reposant sur six pieds en laiton doré façon bambou. Plateau en mélaminé. Vers 1950. Dim. H: 116 cm × L: 151 cm × P: 81 cm Jacques Adnet, né le 20 avril 1900, à Châtillon-Colligny (Loiret), après des études au Collège d'Auxerre, entre à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts où il a pour maîtres Charles Genuys (architecture) et Aubert (décoration). En 1922, il est à « La Maîtrise » dirigée par Maurice Dufresne; en 1928, il succède à Süe et Mare à la direction de la Compagnie des Arts français. Dès 1923, il expose au Salon des Artistes décorateurs dont il sera l'un des présidents; en 1925, il participe à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs où il obtient de nombreux prix. Depuis cette époque, il prend part aux diverses manifestations d'Art décoratif tant à Paris qu'à l'Etranger. Il avait reçu, en 1928, le Prix Blumenthal et, à l'Exposition de 1937, les Grands Prix d'Architecture (Pavillon de Saint-Gobain) et d'ensembles mobiliers. Il a réalisé de nombreuses installations: Hôtel particulier de M. Frank Jay Gould, pièce de réception de l'Administrateur du Collège de France, appartement d'Alice Cocéa, cabinet de travail du Président de la République à Rambouillet, etc., et récemment aménagement et décoration du paquebot « Ferdinand de Lesseps ». Jacques Adnet décorateur demeure influence de sa formation première un architecte mais il a trop le goût du meuble en lui-même, de l'objet, du tableau ou de la tapisserie - qui trouvent toujours place dans ses conceptions décoratives - pour intégrer les éléments mobiliers dans la construction générale. Henri Clousot a pu justement ecrire : « L'art de Jacques Adnet est un art heureux » ; nous aouterons, Jacques Adnet souhaite trop le bonheur de l'usager pour lui imposer la rigidité d'un cadre inchangeable. Il sait laisser place à la liberté, à la fantaisie : ses meubles conservent leur individualité. C'est ainsi qu'ayant fait ses débuts aux temps d'un rationalisme intransigeant, il en a conservé les qualités essentielles : la rectitude, la logique qu'il a humanisées par d'attentifs raffinements. Ses meubles aux lignes simples, solidement équilibrés, sont généalement en bois dair et uni; à ce matériau traditionnel il incorpore - avec une aimable aisance _ le verre, le métal ou le cuir naturel. Réceptif à tous les apports d'une époque en pleine évolution, riche aussi bien en matières qu'en moyens techniques nouveaux; ayant pendant la guerre donné _ au cours de très intéressantes activités collectives place au travail artisanal, Jacques Adnet revient à un classicisme inné. Ainsi son œuvre qui a su demeurer, depuis un quart de siècle, à l'abri des incidences de la mode, présente une singulière et très personnelle unité.