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Lot n° 19

Le Peintre Claude Monet

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Ɵ Notice sur son œuvre par Théodore Duret suivie du catalogue de ses tableaux exposés dans la galerie du journal illustré La Vie moderne, le 7 juin 1880 et jours suivants. Avec portrait par Édouard Manet. G. Charpentier, éditeur, Paris 1880. Édition originale du texte de Duret (22,2 x 13,5 cm). Reliure strictement d'époque : Pleine percaline marron à la Bradel. Catalogue de la première grande exposition personnelle de Monet, orné de son portrait lithographié par Manet. Cet ouvrage, bien plus qu'un simple catalogue, est le premier consacré à Claude Monet. L'importante et remarquable préface de Théodore Duret occupe les 13 premières pages. Duret y traite notamment de la révolution du paysage, amorcée par Delacroix, puis par Corot, Rousseau, Courbet et Manet, poursuivie à présent par Monet : « la peinture noire devenait claire. On serait surpris, si l'on pouvait revoir un Salon d'il y a trente ans, du changement qui s'est opéré dans le ton général de la coloration. A cette époque, les peintres étendaient le plus souvent sur la toile une véritable sauce, ils préparaient leurs fonds au bitume, à la litharge, au chocolat et par-dessus c'est à peine s'ils osaient mettre un frottis de couleur, bientôt atténué ou dévoré par la noirceur générale du dessous. Il semblait qu'ils vécussent dans des caves, aveuglés par la pleine lumière et les colorations ardentes (...) L'apparition au milieu de nous des albums et des images japonais, a achevé la transformation, en nous initiant à un système de coloration absolument nouveau (...) Claude Monet, parmi nos paysagistes, a eu le premier la hardiesse d'aller aussi loin qu'eux dans ses colorations. Et c'est par là qu'il a le plus excité les railleries, car l'œil paresseux de l'Européen en est encore à prendre pour du bariolage la gamme de tons pourtant si vraie et si délicate des artistes du Japon ». Le dernier feuillet du catalogue donne les titres des tableaux de Monet : Gare Saint-Lazare, Les Drapeaux rue Montorgueil, Bateaux à Argenteuil, La Salle à manger, Vétheuil, fin du jour, Pommiers en fleurs au bord de l'eau, Le Givre, Effet de soleil, etc. Le beau portait lithographié de Monet par Manet témoigne du lien spécial qui existait entre le grand précurseur de l'impressionnisme et son plus jeune confrère qui en fut le fer de lance. Cette amitié fut indéfectible. En 1883, alors qu'on venait d'amputer Manet d'une jambe, Monet fut son dernier visiteur, avant d'être un des porteurs de son cercueil quelques jours plus tard. Et ce fut Monet qui se démena ensuite sans compter pour que l'Olympia passe dans les collections publiques. Ce catalogue est particulièrement rare. Il fut mis en vente au moment de l'exposition au prix de cinquante centimes, mais aucun ne se vendit. Personne ne s'intéressait alors à Monet. Pour inciter les gens à entrer dans la galerie, Charpentier le fit distribuer gratuitement aux passants. Sur les dix-huit tableaux accrochés, un seul se vendit, acheté par... l'épouse de l'éditeur-galeriste : Les Glaçons. Hiver de 1879-80. Cela ne refroidit pas pour autant l'ardeur de Monet, qui devait déclarer au journaliste de La Vie moderne venu l'interroger à Vétheuil : « je suis et je veux toujours être impressionniste ». Provenance : Collection privée.

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