Astruc (Zacharie) Lot n° 6

Ɵ Les 14 Stations du Salon - 1859 - suivi d'un Récit douloureux. Préface de George Sand. Poulet-Malassis et de Broise, Paris, 1859. Couverture illustrée d'un dessin de l'auteur. Édition originale (17,9 x 11,6 cm). Reliure de la fin du XIXe siècle : Demi-chagrin brun à coins, filets dorés, dos à nerfs, non rogné couverture et dos conservés. S'inspirant en clin d'œil de La Légende des siècles, long et subtil envoi à Victor Hugo alors en exil par celui qui, à la fois critique, poète, peintre, musicien et sculpteur, fut un des tout premiers défenseurs de Manet et des futurs impressionnistes, ici l'auteur de la fameuse formule qu'en art « il faut traverser la matière ». Exemplaire de Victor Hugo alors exilé à Hauteville House, comportant cet envoi en vers : « à Victor Hugo. Livre, qu'un vent t'effeuille Où vit le grand captif : L'arbuste encore chétif Donne sa jeune feuille. Zacharie Astruc » Cette dédicace recèle un intérêt tout particulier en relation avec l'exil d'Hugo. En effet, elle est un pastiche de la dédicace hugolienne de la première série de La Légende des Siècles parue cette même année 1859 : « Livre, qu'un vent t'emporte En France où je suis né ! L'arbre déraciné Donne sa feuille morte. V. H. » Tour à tour écrivain, peintre, sculpteur, compositeur et critique, Zacharie Astruc (1833-1907) fut l'un des artistes les plus complets du siècle. Grand défenseur de Delacroix, puis de Courbet, il fut aussi dès 1865 le premier soutien de Manet (c'est d'ailleurs lui dont Manet fait le portrait dans Un atelier aux Batignolles de Fantin-Latour, 1870). Dans son texte évoquant le Salon comme un chemin de Croix, Astruc met aussi en exergue un phénomène alors peu connu, celui des associations perceptives entre la poésie, la musique, et la peinture, qu'on appellera plus tard les synesthésies (dont Kandinsky en peinture et Scriabine en musique furent de célèbres exemples). C'est encore ici que l'on trouve la fameuse formule « dans l'Art, il faut traverser la matière ». Dans le présent exemplaire, avec sa dédicace poétique allusive, Astruc s'adresse avec finesse et respect à son grand aîné alors en exil. Provenance : Victor Hugo.