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Lot n° 3

Banville (Théodore de)

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Ɵ Les Stalactites. Michel Lévy Frères, Paris, 1846. Deuxième édition, la même année que l'originale parue chez Paulier (22,5 x 13,5 cm). Reliure de l'époque : Demi-maroquin vert à coins, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés, tête dorée (Léon Fixin élève de Thouvenin, qui exerça jusque vers 1850). Très précieux exemplaire de Marie Daubrun alors âgée de 19 ans, qui jusqu'en 1863 sera l'amie de Banville (c'est le premier livre qu'il lui dédicace), liaison interrompue ponctuellement par celle avec Baudelaire, comportant un touchant envoi en trois quatrains autographes « La lyre à l'amour se marie [...] ». L'exemplaire est dédicacé par l'auteur à l'encre noire sur le faux-titre : « A mon amie Mademoiselle Marie Daubrun La lyre à l'amour se marie Comme au printemps le rossignol Voici donc, o chère Marie Des chansons qui prennent leur vol Écoutez avec moi la fête Des bois frissonnants et des eaux, Et si vous aimez le poète, Recueillez ses pauvres oiseaux. Défendez leurs petites ailes, Et, contre tout mauvais dessein, Comme de blanches tourterelles Cachez les sous votre beau sein. Théodore de Banville » Deuxième recueil de Théodore de Banville (1823-1891), après Les Cariatides, Les Stalactites parut trois ou quatre ans après la rencontre du poète avec Baudelaire au retour de son voyage au long cours. D'abord fort liés, les deux poètes virent leur amitié refroidie par la liaison de chacun d'entre eux avec Marie Daubrun, où Banville eut le dessus. Ceci n'empêcha pas Baudelaire d'écrire pour elle parmi ses plus beaux poèmes, tels L'Invitation au voyage, L'Irréparable, Le Beau Navire, Causerie, Chant d'automne, ou Le Ciel brouillé, avant l'amer poème de rupture A une Madone. Marie Daubrun (1827-1901) débuta en 1845 au Théâtre de Montmartre à 18 ans (« cette actrice à la verte allure, l'œil mutin », La France Théâtrale, 2 octobre 1845), puis au Vaudeville en 1846 (« La merveille de Montmartre », Le Mercure des Théâtres, 1er octobre 1846), époque des Stalactites et celle où elle prit son nom de scène, après avoir tenté Mlle Marie ou Maria, puis Mlle d'Aubrun. Le touchant envoi - le tout premier connu - que porte l'exemplaire traduit sa précoce rencontre avec Banville et l'amour naissant du poète. La liaison avec Baudelaire sera plus tardive et intermittente, dans les années 1850, plus mouvementée aussi, en parallèle avec sa relation avec Jeanne Duval et sa courte aventure avec Madame Sabatier. Marie Daubrun restera avec Banville jusqu'à la rencontre de celui-ci avec Mme veuve Rochegrosse, qu'il épousera en 1863. On trouve dans le présent recueil, page 61, un poème dédié à Baudelaire, dont certains vers semblent prémonitoires des relations des deux poètes autour de Marie Daubrun : « O poëte, il le faut, honorons la Matière : / Mais ne l'honorons point d'une amitié grossière, / Et gardons d'offenser, pour des plaisirs trop courts, / L'Amour, qui se souvient, et se venge toujours [...] ».

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