Gazette Drouot logo print
Lot n° 1

Delacroix (Eugène)

Estimation :
Réservé aux abonnés

Ɵ Lettre autographe signée à Stendhal. Paris, [lundi] - puis « mardi », [18-19 décembre 1837 [cachet de la poste un peu effacé apparemment du jeudi 21 décembre 1837]. 2 pages 3/4 in-8°, adresse au dos (« Monsieur Beyle, rue Caumartin n° 8 »), dans une petite chemise titrée « de M. Eugène Delacroix, peintre d'histoire ». Chemise de Devauchelle. Une des plus belles associations peintre-écrivain qui soit au XIXe siècle, en plein romantisme, où Delacroix s'adresse à son aîné et inspirateur théoricien pour défendre Géricault, mort depuis plus d'une décennie et dont la tombe est à l'abandon, avec une invitation manuscrite de Delacroix adressée à Stendhal pour aller au Salon du Roi. C'est en 1823, en présence de Mérimée, que le jeune Eugène Delacroix (1798-1863) rencontra Henri Beyle (1783-1842) chez le baron Gérard. Jamais vraiment proches, ils se croisèrent souvent dans le monde parisien, partageant parfois la même maîtresse, comme la comtesse Alberthe de Rubempré. C'est le romantisme qui les unit, bien que dans des domaines différents, le peintre en représente l'apogée, alors que l'écrivain en est largement un précurseur. Une passion pour la musique aussi. Et Delacroix, peu tendre avec ses semblables (dont Stendhal) dans son Journal, sera passionné par l'Histoire de la peinture en Italie, dont il s'inspirera pour son étude sur Michel-Ange. Delacroix commence sa missive : « Votre lettre m'a fait bien plaisir, je voudrais pouvoir la commenter avec vous dans mon intérêt. Dans tous les cas puissiez-vous en recevoir de pareilles de gens que vous aimiez et estimiez dans les moments de découragement [...] », avant de regretter : « Quel dommage qu'on se rencontre peu ! Le moindre être humain dans mon atelier me déconcerte pour la journée. Vous autres qui pouvez travailler la nuit vous êtes bien heureux ». Puis il complète le lendemain à propos d'un projet de sépulture pour Théodore Géricault, mort à 32 ans en 1824 : « Il y a 14 ans que l'herbe pousse sur 4 pieds de terre qui recouvrent ses os misérables, son nom n'y est même pas écrit sur la plus petite pierre ». Pour Delacroix, « Géricault [...] est avec Gros le plus grand peintre que la France ait produit depuis le Poussin ». Delacroix incite Stendhal à en parler autour de lui « à autant de gens que vous pourrez, surtout à ceux qui sont faits pour admirer avec plus de chaleur que les autres les grandes natures méconnues que le siècle étrangle non content de les méconnaître ». JOINT, une pièce autographe signée, sans lieu ni date : « Bon pour voir le Salon du roi. /Eugène Delacroix/ Le matin avant 11 h[eu]res ou le dimanche. » (3/4 de page in-12°) adressée par le peintre à Stendhal. Provenance : Henri Beyle ; Jacques Guérin.

Titre de la vente
Date de la vente
Localisation
Opérateur de vente