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Lot n° 10

PÉTION (Jérôme). Manuscrit autographe signé intitulé...

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PÉTION (Jérôme). Manuscrit autographe signé intitulé « Guillotine. Article absolument neuf adressé aux nouveaux éditeurs de l'Encyclopédie ». [1794]. 2 pp. 3/4 in-4 sur un bifeuillet monté sur onglet sur support de papier in-folio. RARE MANUSCRIT POLITIQUE DE SA MAIN. DEPUTE, MAIRE DE PARIS, JEROME PETION DE VILLENEUVE (1756-1794) avait exercé le métier d'avocat à Chartres avant la Révolution, professa très tôt des opinions démocratiques voire républicaines, et fut élu député aux États généraux. Proche de madame de Genlis, ami d'enfance de Brissot, il fut également un allié de Robespierre à la Constituante avec qui il partageait une grande popularité – il fut un des trois commissaires dépêchés en juin 1791 par l'Assemblée pour ramener la famille royale à Paris après sa fuite à Varennes. En novembre 1791, il fut élu maire de Paris, tenta de jouer un rôle pour concilier les pacifistes (Robespierristes) et les bellicistes (brissotins), tenta en vain d'empêcher la foule d'entrer aux Tuileries en juin 1792, se vit démettre de ses fonctions par le département mais, défendu par les sections et la Législative, se vit réinstaller. S'il fit distribuer des armes au peuple la veille du 10 août, il demeura hésitant ce jour-là, et s'il dut s'effacer devant la Commune insurrectionnelle qui se mit alors en place, il s'efforça de limiter la violence des septembriseurs, sans grand succès. Député à la Convention en septembre 1792, il en fut le premier président, s'éloigna de Robespierre et siégea avec les Girondins. Réélu maire de Paris en octobre 1792, il préféra renoncer à cette charge pour conserver son mandat de député. Proscrit avec les Girondins en mai-juin 1793, il se rendit dans le Calvados où il tenta en vain d'organiser l'insurrection fédéraliste, puis gagna la région bordelaise avec les conventionnels Louvet, Guadet, Buzot et Barbaroux. Il se cacha quatre mois à Saint-Émilion, où Guadet avait de la famille, mais, découvert, dut à nouveau fuir et se suicida en plein champ avec Buzot le 24 juin 1794. On retrouva leurs corps à moitié dévoré par les loups. UN DES DERNIERS TEXTES QUE, CACHE SOUS LA TERREUR, IL ECRIVIT AVANT SON SUICIDE. À Saint-Émilion, Jérôme Pétion rédigea ses mémoires, un testament et, au début de prairial (derniers jours de mai), la présente diatribe contre la Terreur. « LES PHILOSOPHES REVOLUTIONNAIRES ONT DEMONTRE... QUE C'EST SUR LE SANG QU'ON FONDE LES GOUVERNEMENS LIBRES... » Quoiqu'ayant joué un rôle ambigu lors des massacres de septembre qu'il déclara « odieux en morale » mais « utiles en politique », Jérôme Pétion avait demandé comme constituant l'abolition de la peine de mort (comme Robespierre...), et comme conventionnel avait voté la mort du roi mais avec sursis et sur ratification populaire. JEROME PETION VILIPENDE ICI LES LEGISLATEURS DE NE PAS AVOIR ABOLI LA PEINE DE MORT ET D'AVOIR PERMIS QU'ELLE SOIT UTILISEE A L'EXCES A LA GRANDE JOIE D'UN PEUPLE DEVENU AVIDE DE SANG. L'adresse de cet « article... aux nouveaux éditeurs de l'Encyclopédie » correspond à une actualité : l'Encyclopédie méthodique (1782-1832) était passée en 1793 des mains de l'éditeur Charles-Joseph Panckoucke à celles de son gendre Henri Agasse de Cresne. Cependant la nature du texte, court et polémique, indique assez clairement qu'il s'agit là d'une adresse purement rhétorique, probablement dictée pour faire référence aux idéaux des Lumières qu'elle implique. Après avoir rappelé le progrès que représentait la guillotine, propre à abréger les souffrances des condamnés et destinée sans distinction à tous les condamnés (auparavant les nobles étaient décapités, les roturiers pendus), Pétion conteste l'usage disproportionné qui en était fait en ces temps de Terreur : « ... L'application de ce supplice étoit extrêmement rare. L'Assemblée constituante avoit porté l'œil de la philosophie et de la raison dans la réforme de nos loix criminelles. Elle avoit laissé subister avec regret la peine de mort ; mais au moins avoit-elle limité cette peine à l'incendiaire et à l'assassin. Pour le régime soi-disant républicain, cette peine s'est tellement étendue que les législateurs actuels en ont fait le principal ressort de leur gouvernement. Un particulier a-t-il mis en réserve une portion de grain[s] qu'on juge excedder celle qui est nécessaire à sa consommation ? la guillotine Un marchand a-t-il fait une déclaration inexacte des marchandises qu'il a dans son magasin ? la guillotine Un cocher de fiacre, une servante, se sont-ils permis de parler de la royauté ? la guillotine Un citoyen murmure-t-il contre les maux affreux qui dévorent la France ? la guillotine Un général éprouve-t-il un échec, ou ne veut-il pas être le vil instrument de la faction dominante ? la guillotine Le peuple est-il mécontent, pour l'appaiser lui faut-il des victimes ? la guillotine Quelle

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