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Lot n° 23

Charles CAMOIN (Marseille 1879-Paris 1965)

Résultat :
Non Communiqué
Estimation :
Réservé aux abonnés

Golfe de Piana au petit bateau blanc, Corse, circa 1906-1910 Huile sur toile lacérée rentoilée 50,5 x 61 cm Signé en bas à droite du cachet Ch Camoin Un certificat d'authenticité de Madame Anne-Marie Grammont-Camoin, en date du 28 juin 2000, sera remis à l'acquéreur. Nous remercions les archives Camoin de nous avoir confirmé l'authenticité de cette œuvre. Cette œuvre été réalisée lors du séjour en Corse de Charles Camoin en compagnie de la peintre Émilie Charmy. « En tant que coloriste, j’ai toujours été et suis encore un fauve en liberté » Charles Camoin Né dans un bain de couleurs et de soleil, Charles Camoin est souvent qualifié de fauve méditerranéen. Le fauvisme, mouvement d’avant-garde associé à Matisse, Manguin ou encore Derain, devient le fer de lance de Camoin à partir de son voyage en Corse de 1906. De janvier à février 1906 puis de janvier à mai 1910, Camoin séjourne en Corse à deux reprises avec sa femme, la peintre Emilie Charmy. Ces voyages deviennent de véritables prétextes à exalter la couleur et la lumière. Le vert et le bleu envahissent ses compositions et contrastent de manière saisissante avec les tons rouges et mauves, comme dans Golfe de Piana au petit bateau blanc. En jouant de ces complémentarités chromatiques, la surface picturale devient sa propre lumière. Ainsi, l’artiste parvient à retranscrire toute l’atmosphère et la luminosité de ces paysages corses. Durant ces séjours, la technique de Camoin évolue vers des formes plus schématisées. L’artiste intègre alors de plus en plus le noir dans ses compositions qui sont alors constituées de cernes sombres et épais, ainsi que de coups de pinceaux vifs et denses. Le rendu final de ces œuvres de la période fauve, telles que Golfe de Piana au petit bateau blanc, est d’une force percutante et d’une allure remarquable. « L’art est un témoignage, mais aussi une invention. C’est la façon dont j’aurais vu la vie, à travers les lois de la peinture » Charles Camoin, 12 juin 1943, in Danièle Giraudy, Camoin, sa vie, son œuvre, Marseille, La Savoisienne, 1972, p. 8. Chez Charles Camoin, art et vie ne forment qu’un. Chaque changement esthétique ou modification dans sa pratique artistique est donc indissociable d’événements marquants, notamment affectifs. Ainsi, la période 1908-1913 incarne une véritable phase de transition pour Camoin. D’une part, ses nombreux déplacements entre la Corse, Toulon, Paris et Collioure modifient sa technique vers une gestuelle plus sûre et sa palette chromatique passe d’une phase sombre à une autre plus claire. D’autre part, le peintre enchaîne les dépressions et crises sentimentales avec Emilie Charmy entre avril 1912, mois lors duquel Matisse ajoute pour elle ses amitiés en post-scriptum dans une lettre à Camoin, et l’été 1914, où selon Berthe Weill elle rejoint Georges Bouche en Auvergne. Ainsi, en 1913, Camoin envoie une lettre à son ami Matisse dans laquelle il écrit : « La courbe, les amours, tu sais bien que je suis en train d’en revenir, si je n’en suis pas tout à fait revenu. » Cette année est centrale puisqu’elle situe le cœur de la crise de désespoir de l’artiste qui détruit toutes ses toiles parisiennes et quelques autres attachées au souvenir d’Emilie, dont Golfe de Piana au petit bateau. Comme l’explique Danièle Giraudy : « Camoin coupe en quatre, en six morceaux soixante à quatre-vingts de ces toiles "noires et médiocres" qu’il jette dans sa poubelle, sur le trottoir de la rue Lepic. Un éboueur passe, ramasse ces débris, les cède au Marché aux Puces de Saint-Ouen à un marchand qui les revend à son tour à des galeries et à des collectionneurs, qui recollent, restaurent, reconstituent les œuvres condamnées. Ainsi, l’on retrouve encore aujourd’hui de ces œuvres "détruites". Cet autodafé dramatique, et les péripéties détaillés qui le suivent, comme l’extraordinaire parcours des toiles, dont les prix montent au fur et à mesure qu’elles passent de main en main et que les années s’écoulent, sont reconstitués en détail dans les archives et les notes de plaidoiries du grand procès de 1927. » Danièle Giraudy, Camoin, sa vie, son œuvre, Marseille, La Savoisienne, 1972, p. 73. Golfe de Piana au petit bateau, fait donc partie de ces tableaux fauves emblématique de l’Œuvre de Charles Camoin au destin particulièrement incroyable.

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