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Lot n° 21

ATTRIBUÉ À GEORGES BOBA c. 1540-après 1593

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Portrait du cardinal Charles de Lorraine (1524 - 1574) ; Portrait de François de Lorraine, duc d'Aumale puis de Guise (1519 - 1563) Huiles sur toile (paire). Hauteur : 193 cm - Largeur : 106,5 cm Hauteur : 201,5 cm - Largeur : 111 cm Artiste pour le moment méconnu, recensé par Alexandra Zvereva notamment, Georges Boba semblerait être d'origine flamande. Selon Carel van Mander (1548 - 1606), auteur du Het Schilder-Boeck1, il aurait d'abord été l'élève de Frans Floris (1517 - 1570) à Anvers avant qu'il ne parte pour la Vénétie où il serait entré dans les ateliers de Titien (c. 1488 - 1576) et Tintoret (1518 - 1594). Si son corpus n'est que peu étoffé pour le moment, les sources indiquent qu'il fut portraitiste mais pas seulement puisqu'un dessin, anciennement dans la collection Mariette2, aujourd'hui conservé au British Museum lui est attribué et porte sa signature à l'italienne : Giorgio Bombini (San Bartolomeo all'Isola, île Tibérine, Londres, British Museum, inv. 1946,0713.115). En 1560, il réalise un portrait de Jacques Auguste de Thou (1553 - 1617), homme politique français. Quelque temps plus tard en 1569, il entre au service du cardinal de Lorraine qu'il suit en France et à Reims. Lorsque son mécène meurt en 1574, c'est auprès de sa soeur, Renée de Lorraine (1522 - 1602), abbesse du couvent de Saint-Pierre-les-Dames de Reims qu'il travaille et demeure. Familiers, les visages des deux frères ont été réalisés à partir de prestigieux modèles élaborés l'un par le Greco (1541 - 1614 ; Fig. 1), le second par François Clouet (av. 1520-1572 ; Fig. 2). OEuvres de référence pour la diffusion de leur image, elles furent pour Boba une base à la réalisation de ses propres portraits au moment où il est au service du cardinal. L'artiste s'inspire à plusieurs reprises du portrait par Greco puisque vers 1575, il le grave (Fig. 3), prenant certaines libertés comme celle de remplacer en arrière-plan de la composition un perroquet par un crucifix3. Dans le portrait que nous présentons, il retient de la composition originelle le visage dans lequel le traitement vénitien, sans doute hérité de ses années italiennes, transparaît. Il préfère cette fois présenter le cardinal en pied, de trois-quarts et reprend cette posture pour son frère, chacun s'appuyant sur un élément allusion à leur carrière respective (un évangéliaire et un casque), les deux hommes se faisant dans le même temps écho. Par ailleurs, les sources indiquent que Boba serait l'auteur d'un autre portrait du cardinal de Lorraine et de son frère, le duc de Guise mais dont la localisation demeurait inconnue jusqu'à aujourd'hui. Il pourrait donc s'agir de ceux que nous présentons aujourd'hui, véritables redécouvertes et ajouts conséquents au corpus de l'artiste. Si les inscriptions au registre supérieur semblent plus tardives, celle que nous retrouvons inscrite dans le portrait du duc de Guise sur l'élément architectural et accompagnée de son monogramme (enlaçant lettres grecques alpha et phi), pourrait être perçue comme une référence mystérieuse du cardinal à son frère, ou, dans l'hypothèse où le portrait aurait été exécuté après la mort de son modèle (1563), à un éloge discret du commanditaire au duc. Nous remercions par ailleurs Bruno Restif pour sa suggestion de mettre en lien les deux portraits que nous présentons avec la Galerie des Hommes Illustres, commandée par le cardinal de Richelieu (1585 - 1642) pour le Palais cardinal. Il fait ainsi une corrélation entre les portraits du cardinal de Lorraine et de son frère, le duc de Guise, tous deux présents dans le programme iconographique de la galerie et dont les portraits ne sont plus connus que par les copies gravées et publiées dans l’ouvrage de Marc Vulson de La Colombière en 1650. 1. Le Het Schilder-Boeck, littéralement Le Livre des peintres est un ouvrage rédigé par Carel van Mander, lui-même peintre et paru pour la première fois à Haarlem en 1604. L'auteur s'était attaché à recenser en six volumes les peintres notables depuis l'Antiquité jusqu'au début du XVIIe siècle, posant également les fondements théoriques ce qu'était la peinture. L'ouvrage est sur le même modèle et peut-être comparé à celui bien connu de Vasari, Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes (1550 ; 2de édition en 1568). 2. Philippe de Chennevières, Anatole de Montaiglon, Abecedario de P.-J. Mariette : et autres notes inédites de cet amateur sur les arts et les artistes, t. I, Paris, J.-B. Dumoulin, 1853 - 1862, pp. 152 - 153. 3. À ce propos, voir Bruno Restif, maître de conférences en histoire moderne et qui a travaillé notamment sur l'iconographie du cardinal de Lorraine dans un article disponible en ligne : Bruno Restif, «Les portraits du cardinal de Lorraine. Indices esthétiques et corporels d'un séducteur en politique et religion», in Jean Balsamo, Thomas Nicklas, Bruno Restif (dir.),

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