Panneau en bois sculpté en fort relief et polychromé... Lot 43

Panneau en bois sculpté en fort relief et polychromé représentant la Déploration du Christ. Au centre de la composition, la Vierge porte sur ses genoux le corps de son Fils ; autour d'elle, saint Jean qui la réconforte, sa main posée sur son voile, une sainte Femme qui tient la tête du Sauveur dans ses deux mains et Marie-Madeleine assise à ses pieds, les mains en prière ; au second plan, de gauche à droite, une autre sainte Femme, Joseph d'Arimathie et Nicodème, les clous de la Passion dans sa main gauche ; à la partie supérieure, la ville de Jérusalem dans un paysage accidenté. Belle facture d'exécution. Italie du nord, Lombardie, attribué au Maître de Trognano (actif de 1478 à 1500), vers 1480/1490 H. 34 - L. 31,8 cm - Ép. 6,2 cm (quelques usures à la polychromie, manques et vermoulures) Ouvrage consulté : - Exposition Milan 2005/2006, Maestri della Scultura in legno nel ducato degli Sforza, Castello Sforzesco, G. Romano et C. Salsi sous la dir. de, p 92-105, cat. II.5 et II.6 Ce beau panneau faisait partie vraisemblablement d'un grand retable illustrant la Passion. Finement sculpté, il fait montre d'un style très virtuose avec certaines parties des figures se détachant du fond mais également singulier par les contours très aigus des têtes tournées de profil. Le caractère dramatique de la scène est accentué par la gestuelle et les expressions de profonde affliction des différents acteurs. On retrouve ici les particularités de l'école lombarde de la fin du Moyen Âge et, plus précisément, le ciseau d'un sculpteur à l'identité restée jusqu'ici inconnue nommé Maestro di Trognano, du nom d'un hameau de la province de Pavie où se trouvaient deux grands bas-reliefs constituant la base de son corpus. On note ainsi de nombreux détails communs à ce petit panneau et aux deux grands visibles au château des Sforza de Milan représentant le Portement de croix et la Mise au tombeau réalisés dans les années 1482-1488 (fig. a et b) : la composition générale avec la ville de Jérusalem à l'arrière-plan, le pathos exacerbé des visages, les plissés froissés et les bords arrondis des vêtements jusqu'aux frondaisons en forme de fleur des petits arbres alignés sur les collines. Ce maître, travaillant auprès d'autres artistes comme Giacomo del Maino ou les frères de Donati, a la réputation d'avoir, d'après les historiens de l'art, le mieux traduit dans le bois le génie de Mantegna dont le style a fortement influencé l'école de sculpture lombarde des dernières décennies du XVe siècle. Ce panneau, jusqu'ici inédit, vient ainsi enrichir le corpus assez réduit des œuvres attribuées à cet artiste au style si personnel.