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Lot n° 12

Vierge en majesté en noyer sculpté en ronde bosse...

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Vierge en majesté en noyer sculpté en ronde bosse avec restes de polychromie. Dans une attitude hiératique, le buste droit, Marie est assise sur un coussin reposant sur un banc-trône dont les colonnettes cylindriques s'évasent à leur partie supérieure ; elle porte son Fils assis sur son genou gauche et devait tenir un sceptre fleuri (disparu) de sa main droite ; sa tête est entourée d'un maphorion court attaché sur sa poitrine par une agrafe ronde qui laisse voir sur le front sa chevelure partagée par une raie médiane ; visage à l'expression impassible aux globes oculaires légèrement saillants, yeux en amande finement ourlés, nez droit, bouche fermée et lèvres fines ; elle pose sa main protectrice sur le bras gauche de l'Enfant qui bénit de la main droite ; elle est revêtue d'une longue robe et d'un pallium épousant le corps et les bras dont les larges manches tombent en plis verticaux sous les poignets. Au dos, cavité reliquaire carrée bordée d'une feuillure sur trois côtés. Auvergne, Cantal, fin du XIIe siècle H. 68 - L. 30,3 cm - P. 28,9 cm Ancien tampon de douane allemand et numéro d'inventaire S.61.176 au-dessous, étiquette de la galerie Claude Bernard n°S.380. (quelques vermoulures essentiellement en partie basse, bras gauche de l'Enfant manquant, flipot au visage de la Vierge) Provenance : - Collection Joseph Hirshhorn (1899-1981), Connecticut (Etats-Unis). Cet entrepreneur et collectionneur d'art a fait don de sa collection composée d'œuvres des XIXe et XXe siècles qui constitue à présent le Joseph H. Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington. - Galerie Claude Bernard, achetée à Joseph Hirshhorn dans les années 1960. Ouvrages consultés : - I. H. Forsyth, The Throne of Wisdom - Wood Sculpture of the Madonna in romanesque France, Princeton, 1972, cat. 55 et 56. - J. Liévaux-Boccador et E. Bresset, Statuaire médiévale de collection, T I, Ed Les Clefs du temps, 1972, pp. 102 à 117. - Abbé R. Laurentin et R. Oursel, Vierges romanes - les vierges assises, Ed. Zodiaque, 1988. - Exposition Paris 1992, Les Majestés du Cantal, musée du Luxembourg, cat.22. - H. Leroy et F. Debaisieux, Vierges romanes - Portraits croisés, Ed. Debaisieux, 2009. Cette Vierge encore romane est arrivée jusqu'à nous dans un état de conservation assez exceptionnel. Le sculpteur a soigneusement choisi une bille de noyer afin que la tête de la Vierge soit taillée dans sa partie la plus dure ; ainsi, la statue est monoxyle hormis la main droite rapportée. Ne reprenant pas les canons les plus connus des Sedes auvergnates, elle en possède plusieurs des caractères principaux comme le banc supporté par des colonnettes, la tête étroitement épousée par le maphorion formant une sorte de casque et des ondulations au niveau des tempes, la chevelure sur le front soigneusement partagée en deux, les manches larges aux longues chutes verticales sous les poignets, une parfaite symétrie dans les drapés, reprise aussi bien par les vêtements de la Mère comme ceux du Fils avec chute médiane en zigzag en deux plis parallèles que l'on observe également sur les côtés ; les palliums sont aussi traités de façon identique avec des plis étagés sous les genoux et arrondis entre les jambes. Bien que dans une position frontale, l'Enfant est ici déporté sur la droite ce qui indique une époque avancée dans le XIIe siècle. Elle se rapproche en cela de Notre-Dame de Laurie, la Vierge conservée dans l'église de l'Assomption de ce village du Cantal, au plissé très comparable et qui possède également une cavité reliquaire carrée (fig.a). Le bord supérieur non rainuré de ces cavités (environ 8 cm x 8 cm) indique que leur ouverture se faisait à l'aide d'un petit panneau coulissant vers le haut. On pense ainsi qu'il ne s'agissait pas toujours de reliquaire mais plutôt de réserve eucharistique ce qui ferait de ce type de Vierge des Vierges tabernacles dont la place était sur l'autel mettant ainsi en avant le thème de l'Incarnation. Une autre Vierge en majesté, conservée au Philadelphia Museum of Art, est mise en relation avec Notre-Dame de Laurie (inv. n° 45-25-70, fig.b). On y observe une position semblable de l'Enfant, des plissés similaires et une cavité dorsale de dimensions analogues (7 cm x 7 cm). Avec celle de la Galerie Claude Bernard, ces trois Vierges témoignent de la présence d'un atelier situé au sud de l'Auvergne se démarquant de ceux de la région de Clermont-Ferrand. Celles de Laurie et de Philadelphie ayant subi de sérieuses restaurations, la Majesté de l'ancienne collection Hirshhorn en donne l'exemple le plus authentique de cette production avec son expression sévère et intériorisé d'une grande fascination.

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