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Lot n° 117

Important coran lacunaire en coufique orienta...

Résultat :
Non Communiqué
Estimation :
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Proche Orient, XIIe siècle Manuscrit en arabe sur papier bis, de 121 feuillets, calligraphié en coufique orientale à l'encre noire sur 21 à 23 lignes par page. Les titres de sourates sont inscrits en jaune cerné de noir, les césures de de versets signalées par une pastille jaune. Des enluminures marginales en jaune, rouge, et bleu signalent les juz’, hizb et sajda ; quelques annotations marginales en "naskhi" noir. Le manuscrit s'ouvre par un frontispice lacunaire en double page : dans un cadre à motif tressé, cinq lignes de texte en écriture coufique à l'encre jaune et soulignée de noir, inscrites en réserve sur un fond ocre hachuré correspondent au texte de la Sourate Al-Fatiha et des quatre premiers versets de la sourate Al-Baqara. Les feuillets 1 et 2 pourraient être d'une autre main ou d'un autre manuscrit si l'on considère l'espace occupé par le texte et les signes diacritiques différents du feuillet 2B. Le texte se poursuit avec une partie de la sourate 3, puis de nombreuses Sourates jusqu'à la fin du Coran dont il manque les trois dernières sourates. Reliure en cuir brun estampé d'un médaillon rayonnant à pendentifs et écoinçons (suivant un remontage moderne). (Restauration, taches, salissures, quelques folios détachés, consolidation) D. : 32,7 x 20,5 cm Un test au carbone 14, réalisé par le laboratoire Ciram, indique une datation du papier entre 1034 et 1174 ( 2 σ, 95,4% confidence). Ce lot est présenté en importation temporaire. Ce volume appartient à un petit groupe de manuscrits copiés selon le Nouveau Style ("kufique oriental") vers le début du XIIe siècle, qui illustrent beaucoup des évolutions alors en cours dans la manière d'appréhender et de copier le Coran. De plus, ce codex livre de précieuses indications sur le milieu dans lequel il fut copié et utilisé. Les premiers siècles de l’Islam virent se développer jusqu’au Xe siècle un ensemble de caractéristiques matérielles communes à l’immense majorité des copies coraniques, qui les distinguaient fortement des autres manuscrits arabes et rendaient leur contenu textuel difficilement accessible : usage du parchemin plutôt que du papier, format horizontal, dimensions monumentales, absence fréquente de signes vocaliques ou orthoépiques, graphies anguleuses (« kufiques ») très éloignées de celles, cursives, des autres manuscrits... A partir du Xe siècle et plus encore durant les deux suivants, la matérialité des corans convergea vers celle des manuscrits profanes, jusqu’à ne plus s’en distinguer que par le soin plus grand qui leur était éventuellement accordé. Le codex présenté ici matérialise directement cette évolution, puisqu’il s’inscrit dans les dernières étapes d’une phase de transition entre les deux paradigmes. Son analyse stylistique permet de le rapprocher d’un groupe de manuscrits probablement copiés dans le centre de l’empire Abbasside, autour de 1100 (voir par exemple le KFQ74 de la collection Khalili). Malgré des concessions à la cursivité leur graphie traduit un attachement manifeste aux précédentes traditions, mais leurs autres caractéristiques matérielles en font des objets proprement livresques, au même titre que n’importe quel manuscrit de grande qualité : utilisation de papier au format vertical, copie en un volume, attachement à la lisibilité du texte. Ce coran porte ainsi une certaine ambivalence matérielle, qui illustre une des plus importantes évolutions formelles de l’histoire des manuscrits coraniques. Par ailleurs, ce manuscrit contient plusieurs indices pour mieux comprendre qui furent les individus derrière ces évolutions, à commencer par le copiste. Dans notre cas, les conditions de son travail transparaissent particulièrement à travers des erreurs de copie, toutes de même nature : au feuillet 74v par exemple, après le verset 12:53, le copiste avait initialement transcrit le verset 12:50, dont les premiers mots sont identiques au 54. Cette erreur probablement commise par réflexe semble avoir été immédiatement effacée et rectifiée, la correction n’ayant entrainé ni élongation ni resserrement du module d’écriture du texte final. La nature de ces erreurs et leur rectification immédiate indiquent une connaissance complète et une pratique ancrée du texte coranique, suggérant que le copiste était versé non seulement dans la copie du Coran mais aussi dans son étude textuelle. De plus, certains passages omis dans le texte initial furent ajoutés dans une graphie cursive, dans les marges. Ces corrections plus tardives sont courantes dans les manuscrits du Coran, mais ici elles semblent avoir été portées par une main quasiment contemporaine de la copie, et maîtrisant parfaitement les graphies cursives alors utilisées dans les manuscrits littéaires et scientifiques. En fait, certains traits comme l’utilisation de trois points souscrits pour indiquer la lettre sīn sont fortement associés au groupe de corans dont ce codex fait partie. On peut ainsi penser que ces notes furent ajoutées dans un contexte très proche de la

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