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Lot n° 78

Loredan Leonardo, Doge

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Non Communiqué
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Manuscrit - Venise - Loredan Leonardo, Doge - Commission douanière Document en parchemin de 53 feuillets, dont deux sont vierges (106 pp. au total), in 4°, 255 x 170 mm, signé au Palais des Doges de Venise le 1er octobre 1509, à la fin une Tabula Presentis Commissionis divisée en deux parties, première page avec une élégante bordure avec des motifs floraux peints en or, rouge, vert, bleu et violet, trois médaillons contenant le Lion de Venise, les armoiries de la famille Moro, une image du Christ avec un franciscain, texte écrit en écriture cursive très élégante enfermé dans un miroir d'écriture rayé de rouge, reliure en cuir de l'époque avec des cadres estampés sur les plats et des décorations dorées dans le style d'Aldino, avec des palmettes, des fleurs, des losanges, etc. Ex libris au dos de la couverture : "Caroli Vicecomitis Caburri March.nis". NOTES DU SPÉCIALISTE Rare et fascinante commission doge concernant un Muda à Baruthi [Beyrouth] confiée au capitaine Giovanni Moro et parrainée par Pietro Antonio Morosini de Giusto, Pietro Polani de Giacomo et Battista Boldù de Antonio. Le texte est composé de 198 chapitres, les 87 premiers en latin et les suivants en vénitien, avec l'incipit : "Il n'est pas excepté qu'il sera bien établi que nos galères sont envoyées par les voies et perho habituels. Landara parte che cum el nome de Christo sancto et en bonne grâce elles sont placées et déléguées au viazo de Barutho galie...". La datation est intéressante : la mue a lieu 4 mois seulement après la terrible défaite d'Agnadello (17 mai 1509) qui avait entraîné la perte presque totale de la terre ferme vénitienne. Dans une annus horribilis comme celle de 1509, les Vénitiens ont réussi à ne pas détourner l'attention du trafic commercial, leur véritable force et source de richesse et de prestige international. À Venise, les mude étaient organisés par l'État et se distinguaient des compagnies marchandes entièrement privées par le fait qu'ils étaient dirigés par des commandants de la République, en l'occurrence Giovanni Moro, et qu'ils représentaient officiellement leurs intérêts sur les marchés levantins. Les mude tiraient leur nom des principales régions dans lesquelles ils opéraient (Muda de Syrie, Muda d'Égypte, etc.) et le terme lui-même (muda, c'est-à-dire muet) s'inspirait de leur périodicité (les arrivées et les départs avaient lieu à certaines périodes de l'année), semblable à celle des oiseaux migrateurs. Ces voyages, nés au XIIIe siècle, ont été progressivement régularisés au cours du XIVe siècle, pour devenir à la mode au XVe siècle et s'achever dans la première moitié du XVIe siècle. Après 1372, chassés de Chypre par la conquête génoise de Famagouste, les Vénitiens font de Beyrouth le terminus de la muda "chypriote" : trois à six galères y sont envoyées chaque année, alors qu'Alexandrie n'en reçoit en moyenne que trois. Vers 1400, les investissements vénitiens en Égypte et en Syrie atteignent plus de 400 000 dinars pour les seules épices. La commission décrit en détail les conditions économiques de la muda en question, offrant ainsi un aperçu intéressant de l'histoire économique du commerce vénitien. Les chartes, les dépôts des patrons, leurs obligations dans les différentes étapes, les obligations des amiraux, etc. sont décrits. Une réglementation précise à appliquer dans toutes les éventualités, qui montre à quel point le commerce était scientifiquement ordonné et organisé à Venise. Et ce, jusqu'aux premières décennies du XVIe siècle, lorsque l'ouverture des nouvelles routes de l'Atlantique, suite à la découverte de l'Amérique, a déplacé le centre de gravité de la Méditerranée. Un document commercial fascinant qui a une VALEUR POLITIQUE si on le replace dans le contexte historique : en 1509, Venise a risqué de perdre son indépendance, mais elle n'a pas renoncé pour autant à ses activités commerciales modernes. Lot soumis à notification

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