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Lot n° 136

MICHEL ANGUIER

Résultat :
Non Communiqué
Estimation :
Réservé aux abonnés

Pluton mélancolique Statuette en bronze à patine brun mordoré H: 54,5 cm Usures à la patine provenance: Succession du baron de Vinck Pour enchérir sur le présent lot en salle, par téléphone, ou sur les plateformes internet, il est nécéssaire de prendre contact au préalable avec Olivia Roussev, directeur associé d’Antenor Auction : olivia@antenor-auction.com 0032 495 74 63 62 Après s'être formé auprès de son père menuisier à Eu, Michel Anguier poursuit son apprentissage entre 1629 et 1633 à Paris dans l’atelier de Simon Guillain (1589-1658). A partir de 1641, il séjourne à Rome pendant une dizaine d'années. Aux côtés de Nicolas Poussin et François Duquesnoy, il découvre et se passionne pour les œuvres de l'Antiquité. Il s'initie au baroque auprès d'Alessandro Algardi (1598-1654) et assiste, pour un temps, Gianlorenzo Bernini (1598-1680) dans la nef de la Basilique Saint-Pierre et l’église Saint-Jean de Latran. A son retour en France, Michel Anguier rejoint son frère François sur le chantier du monument funéraire du Duc de Montmorency à Moulins (Allier) puis obtient rapidement d’importantes commandes. On lui doit la décoration des appartements d’été d’Anne d’Autriche au Palais du Louvre, des statues commandées par Nicolas Fouquet pour son château de Saint-Mandé puis, pour les jardins de Vaux-le-Vicomte. Il sculpte un important cycle de bas-reliefs au Val-de-Grâce ainsi que le groupe de la Nativité commandité par la Régente et signe les ambitieux groupes ornant la porte Saint-Denis à Paris. Sa carrière, exemplaire, s’articule autour de ces grandes commandes et de son implication, certes tardive, mais intensive, au sein de l’Académie royale dont il est professeur adjoint en 1668 puis recteur en 1671. Si Michel Anguier est l’un des dépositaires du grand style de la sculpture versaillaise insufflé par François Girardon (1628–1715), il est aussi sans doute à l’origine de la diffusion et de l’engouement pour les statuettes indépendantes jetées en bronze, typologie d’œuvres qu’il a eu l’occasion d’admirer en Italie comme le célèbre ensemble du Studiolo des Médicis à Florence. Cet art, jusqu’alors souvent réservé aux décors d’églises, se développe en partie grâce au succès critique et commercial du fameux Cycle des dieux et des déesses, conçu par Anguier peu de temps après son retour de Rome. Le 6 mai 1690, à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, Guillet de Saint Georges rapporte à propos de ce cycle : « M. Anguier fut occupé en 1652 aux modèles de six figures, chacune de 18 pouces (48,8 cm se rapportant à la figure seule) qui ont été jetés en bronze et qui représentent un Jupiter foudroyant, une Junon jalouse, un Neptune agité, une Amphitrite tranquille, un Pluton mélancolique, un Mars qui quitte les armes et une Cérès éplorée ( … )». (Mémoires inédites, 1855 p. 438). Cette « antiquomanie », fort à la mode dans la France du XVIIème siècle, l’occupe aussi intensément puisqu’il s’agit de ’14 figures de pierre de Tonnerre représentant les Dieux et les Déesses grands comme nature ’ qu’il réalise pour Nicolas Fouquet dans les années 1655-1654. Notre bronze dont le modèle appartient à cette si célèbre série des Dieux et des Déesses représente le dieu romain des Enfers. Michel Anguier s’est inspiré du célèbre antique l’Hercule Farnèse (H. 317 cm, marbre, actuellement conservé au musée archéologique de Naples) dont un moulage fut réalisé par Poissant pour l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1666 (Tirage intégral de l’Hercule Farnèse, troisième quart du XVIIème siècle, surmoulage attribué à Thibault Poissant et Guillaume Cassegrain, Hauteur : 326 cm, Paris, musée du Louvre, n°inv.Gy1300) pour concevoir un Pluton aussi puissant et massif que pensif. Il est accompagné du chien Cerbère qui lui, dérive de l’antique Canis molossus qu’Anguier a pu aussi étudier précédemment à Rome ‘(Conservé au Pio Clementino Museo, Vatican) Nous avons connaissance de l’existence de ce modèle et des intentions qui ont accompagné sa création grâce à la toute première conférence que Michel Anguier donne à l’Académie, comme son statut l’y oblige, le 9 novembre 1669. En prenant pour sujet L’Hercule Farnèse, Michel Anguier introduit sa théorie personnelle se fondant sur le rôle de la physiologie humorale dans l’expression des sentiments à travers les caractéristiques physiques. Alors que cette thèse est débattue dans les cercles artistiques romains des années 1640, Michel Anguier est l’un des premiers académiciens (avec les peintres Noël et Antoine Coypel), à appréhender en France la théorie antique des humeurs tirée des écrits du médecin grec Galien appliquée à l’art tridimensionnel. Cette théorie est d’ailleurs l’objet d’une autre de ses conférences, Sur la manière de représenter les divinités selon leurs tempéraments, lue en 1676. Il invite par son discours les sculpteurs à faire coïncider l’aspect physionomique du corps de la figure à son état d’âme intérieur. En ce sens, son approche de l’art est novatrice : elle

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