MANOLO HUGUÉ (Barcelone, 1872 - Caldas de Montbui,... Lot 22

MANOLO HUGUÉ (Barcelone, 1872 - Caldas de Montbui, Barcelone, 1945). "Le Picador". Panneau de terre cuite. Un autre exemplaire (1921) est conservé au Statens Museum for Kunst, Copenhague (inv. no. KMSr128). Œuvre cataloguée dans : Montserrat Blanch, "Manolo", Barcelone, Polígrafa, 1972, p. 59, nº79. Dimensions : 28,5 x 26 x 6 cm. (relief) ; 3,5 x 31,5 x 10 cm. (socle) Les thèmes inspirés par la tauromachie ont fait de Manolo Hugué l'un des capteurs les plus précis des valeurs plastiques de ce spectacle populaire. Il s'est attaché à reproduire la vitalité concentrée dans les corps et dans l'arène. La première œuvre de ce genre, datée de 1921, est précisément "El picador" (dont un autre exemplaire est conservé au Statens Museum for Kunst de Copenhague). Ce haut-relief en terre cuite est résolu en prenant le rectangle comme limite de la composition, renouant ainsi avec les proportions utilisées dans les métopes carrées grecques et dans les blocs cubiques de la sculpture égyptienne. La composition, avec le cheval du picador, représente également une scène basée sur des triangles, ce qui donne une certaine abstraction à la forme, évoquant d'une certaine manière la sculpture grecque archaïque. Son traitement du genre tauromachique, proche du dramatisme goyesque, est exempt de toute concession au pittoresque anecdotique dans lequel sont tombés d'autres sculpteurs contemporains attirés par le thème. Dans le parcours biographique de Hugué, cette œuvre se situe dans sa deuxième période à Ceret (1919-1927) qui, comme le précise Montserrat Blanch, se caractérise par l'apogée de la popularité du sculpteur, une période où il reçoit d'importantes commandes monumentales et où son amitié étroite avec Arístides Maillol, avec qui il coïncide à Ceret, laisse également sa marque. C'est une période où, désormais éloigné de l'avant-garde parisienne, il continue à chercher seul le moyen d'exprimer dans un langage moderne la grande leçon des classiques. Manuel Martínez Hugué, Manolo Hugué, a été formé à la Escuela de la Lonja de Barcelone. Participant régulièrement aux réunions d'Els Quatre Gats, il se lie d'amitié avec Picasso, Rusiñol, Mir et Nonell. En 1900, il s'installe à Paris, où il vit pendant dix ans. Il y reprend sa relation avec Picasso et se lie d'amitié avec d'autres théoriciens de l'avant-garde tels qu'Apollinaire, Modigliani, Braque et Derain. Dans la capitale française, il travaille à la conception de bijoux et de petites sculptures, influencé par le travail de son ami, le sculpteur et orfèvre Paco Durrio. En 1892, il travaille avec Torcuato Tasso sur des œuvres décoratives pour les célébrations du centenaire de la découverte de l'Amérique. Entre 1910 et 1917, se consacrant entièrement à la sculpture, il travaille à Ceret, où il réunit un groupe hétérogène d'artistes, dont Juan Gris, Joaquín Sunyer et, une fois de plus, Picasso. Au cours de ces années, il expose à Barcelone, Paris et New York. En 1932, il est nommé membre de l'Académie royale des beaux-arts de San Jorge à Barcelone. Dans l'œuvre de Hugué, l'essentiel est la relation avec la nature, en tenant compte de la figure humaine en tant qu'élément intégré à celle-ci. Il s'agit d'une caractéristique du classicisme noucentiste, mais qui, dans les mains de Hugué, dépasse ses origines limitées. Il représentait généralement des paysans, mais aussi des toreros et des danseurs - comme on peut le voir ici - toujours avec un niveau de détail et une appréciation des textures qui révèlent sa formation initiale d'orfèvre. Dans sa production artistique, la tradition méditerranéenne, le classicisme et l'archaïsme grecs, l'art de l'Égypte ancienne et de la Mésopotamie coexistent avec l'avant-garde européenne, qu'il a assimilée et connue de près, en particulier le fauvisme et le cubisme de Matisse. Des œuvres de Hugué sont conservées au MACBA, au Centre Georges Pompidou à Paris, au Museo Nacional de Arte de Cataluña et au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, entre autres.