CARLOS DE HAES (Bruxelles, 1829 - Madrid, 1898). "Paysage... Lot 4

CARLOS DE HAES (Bruxelles, 1829 - Madrid, 1898). "Paysage lacustre de Vriesland (Hollande)". Fusain et pastel sur papier. Œuvre reproduite dans l'Archivo Español de Arte. Institut d'histoire CSIC. LXXVIII, 311, 2005. p. 303. Avec repeint sur la surface picturale. Signé dans le coin inférieur droit. Dimensions : 74 x 107,5 cm ; 110 x 143 cm (cadre). Il s'agit d'un magnifique dessin de bonnes dimensions, ce qui le rend encore plus singulier. Il représente un paysage lacustre par un jour d'orage. Il s'agit d'une des rares œuvres de Haes où l'on peut dire que le protagoniste n'est pas le paysage lui-même, mais la sensation de l'orage que le peintre a magistralement captée et qu'il nous a représentée, avec un grand réalisme, dans la composition. Il est plus difficile de transmettre une sensation atmosphérique par le dessin que par l'huile ou l'aquarelle, mais Haes y parvient parfaitement, en faisant du protagoniste le phénomène météorologique lui-même, la sensation atmosphérique d'un jour d'orage. Et tout cela, sans autre couleur que le monochrome fourni par le fusain et quelques touches de gouache blanche au centre pour animer le reflet de la lumière déclinante sur l'eau. Le dessin est d'une grande beauté et témoigne de ses grandes qualités de dessinateur, détaillant au premier plan les différents types d'arbustes sur les berges par des traits précis et parfaits, tout en estompant magistralement les formes qui se perdent dans l'atmosphère chargée du lointain. Mais ces détails techniques ne seraient que de beaux éléments statiques et muets s'ils ne prenaient pas vie dans l'atmosphère dense qui précède l'orage, admirablement captée par le crayon du peintre. Il serait difficile de déterminer exactement, puisqu'il s'agit d'un dessin, à quelle période de l'œuvre de Haes il appartient. Toutefois, au vu du paysage plat, lacustre, végétal et pluvieux, nous pouvons affirmer qu'il s'agit sans aucun doute d'un paysage belge, hollandais ou du nord de la France, peint par Haes lors de l'une des excursions artistiques qu'il a effectuées dans ces pays au cours de sa vie. Et si l'on ajoute à cela le fait que la troisième et dernière étape de la création de Haes a été la réalisation d'une œuvre d'art, on peut dire qu'il s'agit d'une œuvre d'art. En 1835, la famille Haes quitte Bruxelles pour s'installer en Espagne, plus précisément à Malaga, où Carlos commence sa formation en tant qu'élève de Luis de la Cruz. En 1850, il décide de poursuivre ses études dans son pays natal, où il apprend auprès des grands paysagistes flamands. Parallèlement, il entre en contact avec des artistes belges contemporains qui exposent régulièrement aux Salons de Bruxelles. Une fois sur place, il travaille avec le peintre paysagiste Joseph Quinaux, qui l'initie à la peinture en plein air, élément clé de la formation de sa personnalité artistique. De retour en Espagne, Haes commence à remporter des succès, comme la troisième médaille à l'Exposition nationale de 1856. L'année suivante, il est nommé professeur de peinture de paysage à l'Académie des beaux-arts de San Fernando, poste à partir duquel il forme toute une génération de peintres paysagistes à la pratique de la peinture réaliste en plein air. Ses élèves sont Aureliano Beruete et Darío de Regoyos. Tout au long de sa carrière artistique, il continue à remporter des prix, comme la première médaille de l'Exposition nationale de 1858. En 1860, il est nommé membre de l'Académie de San Fernando et remporte la même année une autre première médaille à l'Exposition nationale. Néanmoins, il ne peut être considéré comme un adepte du plenilisme, car il était partisan de ne travailler que d'après nature sur des esquisses, tandis qu'il considérait que la peinture devait être achevée de manière classique, dans l'atelier. Il a néanmoins introduit le paysage dans la peinture espagnole, au point que la première chaire de peinture de paysage de l'Académie de San Fernando a été créée pour lui. Ses vues sont composées de manière classique, mais avec une prédominance de la terre sur le ciel, qui occupe normalement un tiers de la place du paysage.