ABRAHAM JANSSENS (Anvers, Belgique, vers 1573... Lot 95

ABRAHAM JANSSENS (Anvers, Belgique, vers 1573 -1632). "Madeleine pénitente. Huile sur panneau. Engatillada. Restaurations. Dimensions : 92 x 72 cm ; 128 x 107 cm (cadre). Abraham Janssens démontre dans cette œuvre son exquise habileté technique dans ce portrait de Marie-Madeleine. L'artiste présente la sainte comme une belle et élégante jeune femme, le corps légèrement tourné pour éviter la rigidité d'une composition strictement frontale. Sur le plan formel, la figure est fortement éclairée et acquiert ainsi une qualité tridimensionnelle. Les dimensions monumentales de la figure et la blancheur de sa peau lui confèrent une proéminence incontestable, de sorte que les autres éléments de la scène sont relégués à l'arrière-plan. Il convient toutefois de souligner le soin et les détails avec lesquels ils ont été réalisés : la serge sur laquelle repose Magdalena, qui présente de légères déchirures, le crâne tout à fait réaliste, les livres usés et la coupe en cristal sont le reflet fidèle de l'excellente qualité technique qui confère à l'œuvre une impression de réalisme. La grotte dans laquelle Marie se repose a été conçue sur la base de deux points lumineux ouverts sur l'espace, l'un en haut et l'autre à droite, bien que la lumière de l'image soit artificielle. Peintre baroque flamand spécialisé dans les figures, Abraham Janssens a été l'élève de Jan Snellinck et est documenté comme apprenti à la Guilde de Saint-Luc dans sa ville natale en 1585. Il voyage ensuite en Italie entre 1597 et 1602. L'année même de son retour, il devient maître membre de la guilde d'Anvers et seulement cinq ans plus tard, en 1607, il devient doyen de cette institution. En 1610, Janssens rejoint la Confrérie des Romanistes, une société d'humanistes et d'artistes ayant effectué des voyages d'étude à Rome. Il a eu plusieurs disciples, dont son fils Abraham Janssens II, Giovanni di Filippo del Campo, Gerard Seghers et Theodoor Rombouts, entre autres. Son œuvre comprend principalement des sujets religieux et mythologiques et des scènes allégoriques, bien qu'il ait également peint des portraits à l'occasion. Il a commencé sa carrière dans un langage encore ancré dans le maniérisme du XVIe siècle, avec des compositions et des figures arty et une palette de tons anti-classiques, éclaircis par la lumière. Cependant, dans son œuvre "Scaldis et Anvers" de 1609, il y a déjà une nette évolution vers la beauté académique classique, une plus grande harmonie formelle et une palette plus uniforme. Cette œuvre montre également l'influence du Caravage, notamment dans les forts contrastes d'ombre et de lumière. Cependant, après ce chef-d'œuvre, Janssens, comme beaucoup de ses collègues anversois, a perdu sa personnalité en raison de la forte influence de Rubens et de son nouveau langage. En fait, jusqu'au retour de Rubens à Anvers en 1608, Janssens était considéré comme le plus important peintre de sujets historiques, bien que dans les dernières décennies de son œuvre, il se soit principalement consacré à des commandes religieuses. Des œuvres d'Abraham Janssens se trouvent actuellement au Metropolitan Museum de New York, à l'Art Institute of Chicago, au Kunsthistorisches de Vienne, dans les galeries nationales du Danemark, de Slovénie, de Roumanie et de Pologne, dans la collection Kremer de La Haye et au Texas Museum of Fine Arts, parmi d'autres collections publiques et privées.