PISSARRO (Camille). Lettre autographe signée à... Lot 23

PISSARRO (Camille). Lettre autographe signée à sa nièce Alice Isaacson. Paris, 29 juin 1889. 4 pp. in-8, liseré de deuil ; encadrement sous verre biface avec portrait photographique. « Ma chère Alice, en attendant une longue lettre d'Esther me mettant au courant des petites affaires concernant Georges, de son plan de conduite et d'études, je t'écris pour te mettre au courant des affaires de la succession, simplement pour avoir ton avis, car avec ton bon sens et ta grande équité, tu remets les choses dans leur juste place. Je crains bien que malgré l'expérience de ton père nous n'arrivions à rien de bon, nous avons affaire à des gens sans scrupule et qui sont, je pense, décidés à éluder cette affaire. Entre nous soit dit, si Marie était honnête, ne nous aurait-elle pas déjà réglé cette affaire ? Sans y mêler même son mari, lui évitant tous les ennuis & les remords. Au contraire n'a-t-elle pas déjà dit à Amélie et même, je crois, persuadée que nous ne pouvions rien réclamer, notre père étant associé devait supporter les pertes. Vois-tu grand-père déshéritant ses enfants pour favoriser un seul comme je l'ai dit à Amélie, ce n'est pas possible que Marie puisse se figurer cela. Qu'en dis-tu ?... Autre chose. Je suis certain d'avoir vu dans le temps l'acte d'association dans les papiers de ma mère. Nous avons eu beau fouiller partout, rien... Qu'est devenu ce document ? Sans lequel pas de réclamation possible. J'espère que ton père saura trouver le moyen de se procurer ce papier. Cela m'ennuie bien de m'occuper de toutes ces choses, mais cela me paraît prendre une tournure louche. Il me semble que si Alfred [frère de Camille Pissarro] est honnête, il doit bien savoir si il [a] existé une association. Il sait que je suis dans la misère, pourquoi vouloir me frustrer. Est-il possible d'avoir si peu de cœur, cet atermoiement prouve bien leur mauvais dessein. Comme je pressentais bien ces gens ! J'ai bien hâte de quitter Paris pour aller à Éragny [sa maison à Éragny-sur-Epte, dans l'Oise] oublier ces misères, j'espère faire une petite affaire encore ces jours-ci et je partirai, du reste je vous préviendrai. J'espère que Georges est gentil avec vous, recommandez-lui sans en avoir l'air de soigner un peu plus son orthographe, sans en avoir l'air, il est fainéant pour chercher dans son dictionnaire. QUE DIT Mr H. BY (COMME IL ME L'ECRIT) [POUR ASHBEE], entrevoit-il quelque chose de bon pour lui ? À présent qu'Esther est débarrassée du fardeau de Pauquy [?] House (est-ce ainsi que cela se dit) qui pesait si lourdement sur ses épaules, à présent qu'elle ne bâtit plus de tour Eiffel en serviettes, elle aura le temps de penser aux amis, aussi j'attends une lettre brillante d'elle, et de toi, ma chère Alice, quelques lignes seulement, empreintes de ce grand calme et de cette justesse de vue qui te caractérise. JE REÇOIS A L'INSTANT UNE LETTRE DE GEORGES AVEC DES DETAILS SUR L'ECOLE, je suis bien heureux qu'il trouve cela à son goût. J'espère qu'il s'appliquer ferme et qu'il saura se faire aimer de SES MAITRES, SI DEVOUES ET INTELLIGENTS DES CHOSES D'ART. J'espère bien, quand je serai débarrassé de toutes mes petites ennuies, aller à Londres et faire la connaissance de Mr Ashbee... » L'ARCHITECTE CHARLES ROBERT ASHBEE, UN DES FONDATEURS DU MOUVEMENT ARTS AND CRAFTS, avait fondé à Toynbee Hall (à Londres), la Guild and School of Handicraft, où venait d'être admis un des fils de Camille Pissarro, Georges. SUCCESSION DE LA MERE DE CAMILLE PISSARRO. D'un premier mariage avec Isaac Petit, Rachel Manzana Pomié avait eu notamment une fille, Emma, puis s'était remariée avec Frédéric Abraham Gabriel Pissarro, dont elle avait eu notamment le peintre Camille Pissarro. Emma avait à son tour épousé Phineas Isaacson, négociant aux Antilles (comme le père de Camille) dont elle avait eu notamment Alice, Esther, Amélie, Marie et Alfred. En 1889, un fils de Camille Pissarro, Georges, vivait chez les Isaacson à Londres, et allait bientôt épouser Esther.