Eugène Paul dit GEN PAUL (Paris 1895 - 1975) Lot n° 44
Résultat :
Non Communiqué
Estimation :
Réservé aux abonnés
Portrait, 1942
Crayon et estompe
64 x 50 cm
Signé en et daté en bas à droite Gen Paul 42
Provenance :
Collection Jacques Jules Legillon
A Montmartre, le n° 2 de l'avenue Junot abrite l'atelier du peintre Gen Paul. Il
servait aussi de salle de répétition à un orchestre qu'il avait créé et appelé "La Chignole".
En souvenir de certains lieux prestigieux où elle s'était produite une carte fut
imprimée ainsi libellée :
"La Fanfare des Archimilliardaires
Des marches de l'Opéra
et de la cour du Conservatoire"
En supplément de certaines prestations dans la rue Ge-Gen aimait jouer dans
les lavoirs du 18ème arrondissement. Souffiant dans sa trompette, il attaquait avec fouge le
populaire "Sous les ponts de Paris" pour faire "pleurer les laveuses". Si le but n'était. pas
toujours atteint, la joie, elle, était au rendez-vous.
A la Sainte Catherine, la Chignole avait été conviée par certaines maisons de
haute couture et notamment celle de Lucile Manguin. Le but en était d'animer les ateliers.
Coiffer Sainte Catherine c'est bien, mais en musique, c'est mieux. Cette année là, le
célèbre clarinettiste Claude Luter était de la partie. La confrontation n'eut pas lieu, chacun
joua de son côté. Nos styles musicaux étaient tellement différents!
Notre Président d'Honneur, Marcel Aymé, de retour des Etats-Unis où il avait
été invité par une revue célèbre afin de commenter ses impressions sur le nouveau monde,
se trouvait dans l'atelier lors d'une répétition. Comme toujours discret, il regardait d'un air
amusé nos évolutions.
Profitant d'une pause je lui demandais :
- Mon cher Maître, qu'est-ce qui vous a le plus étonné aux U.S.A ?
Il me répondit ;
- Ce fût de m'y trouver.
, A quelques temps de là je convolais en juste noces. Après le mariage civil en la
Mairie du 18ème, la famille et les amis formèrent un cortège pour gagner le "Lapin agile"
où Paulo avait gentiment accepté de nous accueillir.
Naturellement "La Chignole" était présente, égrenant des notes qui se
révélaient de plus en plus hasardeuses au fil du temps écoulé et de la baisse de niveau du
liquide contenu dans un fût de vin de Bordeaux.
Gen Paul s'enquit de ce qui pourrait me faire plaisir comme cadeau de mariage.
Ayant commencé une collection iconographique du Pont neuf, je lui demandais de me
peindre ce sujet. Et puis on n'en parla plus.
Etant revenu dans le Nord, je n'avais plus le loisir de me rendre souvent
A venue Junot.
Au bout de vingt ans, lors d'un passage, Ge-Gen me dit
- Mais je te dois toujours ton cadeau de mariage ! Il faut que tu me le rappelles
sinon j'y pense pas et j'irai sur le site. Si t'as pas le temps de venir me voir, tu téléphones.
C'est ce que je fis quelques mois plus tard. Cela donna :
- Ge-Gen, mon Pont neuf ?
- Pourquoi, tu te remaries ?
Il me fit une très belle aquarelle.
Convié à l'aller chercher, je m'étais muni d'un carton à dessins. Tandis que j'y
rangeais ce trésor, oh combien précieux ! Je remarquais une esquisse préparatoire à l'encre
de Chine. Je formais le geste de l'inclure avec le cadeau.
Gen-Paul s'inquiéta :
- Que fais-tu ?
- Ne seraient-ce pas les intérêts ?
Bon prince, il me la donna.
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