Gazette Drouot logo print
Lot n° 256

Jean MARAIS (1913-1998). Manuscrit autographe,...

Estimation :
Réservé aux abonnés

Jean MARAIS (1913-1998). Manuscrit autographe, [Histoires de ma vie] ; env. 825 pages in-4 ou in-fol. (6 cahiers et env. 200 ff.). Manuscrits de travail de son autobiographie, publiée en 1975 chez Albin Michel. Les différentes versions du manuscrit sont beaucoup plus étoffées que la version imprimée, Marais ayant supprimé de nombreuses anecdotes de la version définitive. I. Les 160 premières pages (ff. libres dans une pochette, numérotés 1-45 puis 17-107 et 107-131), avec mention « 1er Travail » retracent les années d'enfance de Jean Marais : sa famille (la séparation des parents, l'arrivée en région parisienne, ses rapports avec sa mère), l'école et ses années de cancre « j'étais un monstre » (le lycée Condorcet puis les différentes pensions, etc.), avec de nombreuses anecdotes qui ne figurent pas dans la version définitive. Déjà il y parle de sa passion pour le cinéma et le théâtre… II. Cahier rouge à spirale (pag. 140-266) Il entre en formation chez le photographe Manuel, d'où il démissionne rapidement pour intégrer la classe de théâtre de Charles DULLIN, après avoir échoué au Conservatoire, sa « chance », dit-il… Belles pages sur Charles Dullin, qui « était un grand acteur et un grand metteur en scène, mais le Dullin des cours était encore plus grand, plus humain, plus vrai »… Puis rapidement, c'est sa rencontre foudroyante avec COCTEAU, pour Œdipe Roi. Beau passage sur les premières impressions que lui fait Cocteau, puis description de la chambre du poète à l'hôtel Castille, où le poète, dans les odeurs d'opium et « cette odeur que Picasso dit la plus intelligente », fait au jeune homme émerveillé, en présence de Marcel Kill et Al Brown, la lecture de la pièce Les Chevaliers de la table Ronde… Puis c'est le succès d'Œdipe Roi, et le début de leur amour… Souvent, Marais va parler des problèmes d'addiction à l'opium du poète, addiction contre laquelle il se bat… Belles pages sur les amis de Cocteau qui fréquentent leur cercle, en particulier Christian BÉRARD, Max JACOB, CHANEL, etc. Puis c'est l'écriture des Parents terribles (1938), la rencontre importante avec Yvonne de BRAY qui incarnera à la scène et à l'écran, ainsi que dans la vie, le rôle de la mère de Jean Marais, l'aide de Coco Chanel pour envoyer Cocteau en cure de désintoxication, l'arrivée de la Guerre… Grand succès et scandale de la pièce… Marais, épuisé, tombe très malade… À nouveau, de nombreux passages ont été retravaillés, déplacés ou supprimés, même si les plus importants sont conservés dans la version définitive. De même dans les cahiers suivants…III. Grand cahier in-fol. à couverture rose, « SIC » (pag. 267-327). Ce cahier, outre la poursuite du récit, comporte plus de 50 poèmes de COCTEAU retranscrits par Marais, que le poète offrait journellement à son jeune amant, dont la plupart n'ont été intégrés à l'ouvrage définitif qu'en addenda final sous le tire « Suite poétique »… Marais en convalescence demande à Cocteau de poser pour lui, et il fait son portrait, ce qui inspire le poète amoureux, qui glisse chaque jour des poèmes sous sa porte, comme « Le Portrait »… [1939]. Inquiétude de Jean Marais et questionnement sur la consommation de cocaïne de Cocteau, qui travaille à la parution de La Fin du Potomak… Nombreux poèmes… Suite à un bal du comte Étienne de Beaumont, l'attitude de Cocteau, occupé par mille travaux, change et devient d'une « tendresse toute paternelle pour moi » : Il lui écrit alors une lettre (qui sera suivie de 4 autres, toutes retranscrites dans la version définitive) : « Mon Jeannot adoré, Je suis arrivé à t'aimer si fort (pluss que tout au monde) que je me suis donné l'ordre de ne t'aimer que comme un papa et je voudrais que tu saches que ce n'est pas parce que je t'aime moins mais davantage »... Craignant de priver le tout jeune acteur de sa liberté, mais aussi de trop souffrir, Cocteau lui rend en quelque sorte sa liberté, en cessant leurs rapports charnels : cette décision a été « dure à prendre parce que mon adoration est mêlée de respect. Elle a un caractère presque divin »… Et Marais commente : « Noblesse, bonté, franchise : ainsi je l'ai toujours connu. Et si je transcris ses lettres à mes dépends, c'est que j'espère faire découvrir qu'il n'y avait jamais de blessures dans sa conduite, que ses sentiments étaient aussi nobles que rares. Mais j'acceptai cette attitude paternelle »… Après plusieurs retranscriptions de poèmes, Marais s'attarde sur l'amitié qui liait Cocteau et Al Brown, et toute l'aide qu'il lui apporta, ainsi qu'à Marcel Kill, etc.IV. Cahier rouge Les Lauriers « SIC » (pag. 328-503) : Al Brown, M. Kill, etc. Tournage des Parents Terribles, départ pour Saint-Tropez, puis la Guerre et la démobilisation… Britannicus… Tournage de L'Éternel Retour, triomphe… Rencontre avec Jean GENET, que Cocteau aide… Arrestation de Max JACOB : « Les amis de Max Jacob obtiennent sa libération… Le jour de sa mort »… Paris et le théâtre pendant la guerre, Marais envahi par de nombreuses jeunes admiratrices…

Titre de la vente
Date de la vente
Localisation
Opérateur de vente