Gazette Drouot logo print

Patrice Cadiou (1947-2015)

Prix Net TTC :
14000 EUR

Sculpture-Volume Assemblage (cuir & acier) 1978 170 x 80 x 80 cm Provenance: - Galerie Gérard Laubie, Paris Beaubourg, reproduit en couverture. - Notaire Sabbe, Belgique. 
 
 Expositions: 1969 : Galerie Moyonavenard, Nantes 1970 : Galerie de l'Académie, Lausanne. 1972 : Galerie Condillac, Bordeaux. 1975 : Galerie Huguerie, Bordeaux. 1976 : Galerie d'Art de la place Beauveau, Paris. 1976 : Galerie d'Art Popelier, Metz. 1977 : Galerie Gérard Laubie, Paris : « La Sculpture est une fête » 1978 : Galerie Gérard Laubie « La Sculpture est une fête ». An 2. Exposition personnelle « Cuirs de Cadiou ». 2012 : Galerie Les Yeux Fertiles "Nuits talismaniques » 
 Patrice Cadiou travaillait avec ses voyelles et ses consonnes, ses matériaux premiers, le bois, le cuir, les métaux, parfois des ossements ou les cadavres momifiés de quelques animaux, tous ces matériaux vivantsparce que périssables venus de la Nature et destinés à y retourner. Bertha Rivas nous a appris l’origine des cuirs et des bois utilisés par Patrice Cadiou, trouvés et rapportés de Catalogne, bois d’anciens bateaux de pêcheurs catalans et cuirs (harnais, licols, sangles, selles pour chevaux etc...) de l’armée républicaine espagnole (1936 – 1939) dénichés un jour par le sculpteur et qu’il avait tous achetés parce que l’histoire dont ils témoignaient le fascinait : la République espagnole battue et bâillonnée par le régime fasciste imposé par Franco jusqu’à sa mort en 1975. On peut penser que La République espagnole est le seul moment, avec la Commune de Paris, où un esprit libertaire a vraiment existé. Les républicains étaient très nombreux puisque dans certaines villes espagnoles ils ont même vécu sans argent en mettant en place d’autres règles de fonctionnement collectif et social. Pour le monde libertaire, l’Espagne est un symbole à l’instar du caractère espagnol libre, indocile et insoumis. Un peu extrême aussi. Certainement, le maintien de la corrida en Espagne est-elle le symbole de la survivance de ces combats et d’une culture extrêmes. J’insiste sur l’histoire, l’idéologie et la culture qui nourrissent les matières premières dont se servait Patrice Cadiou parce qu’ils concourent à la puissance symbolique et spirituelle de ses sculptures. C’est la part d’immatériel des objets physiques, leur âme. Cela est également justifié par les titres donnés par Patrice Cadiou à certaines de ses sculptures (quand il les nomme), « Hommage à Manuel Benitez El Cordobès » (2010), un des plus célèbres matadors du XXème siècle, ou « L’œuf sauvage, hommage à Claude Roffat » (2009), référence à son ami Claude Roffat et à sa revue qu’il métamorphose en œuvre d’art. Les deux sculptures ont été exposées à la Halle Saint-Pierre en 2016 et, en 2012 par Jean-Jacques Plaisance, dans la Galerie Les Yeux Fertiles à Paris. A l’occasion de cette exposition, Claude Roffat écrivit un texte à la demande de son ami le sculpteur : « De quoi Patrice Cadiou est-il le messager, le passeur ? [...] Ce que Patrice Cadiou nous donne à voir n’a pas d’équivalent. Et pourtant toute son œuvre nous paraît familière. Cela est possible parce qu’elle fait appel en nous à une mémoire ancestrale, une mémoire hors de la mémoire, une mémoire inconsciente. Mémoire universelle aussi, ai-je envie d’écrire, tant il me paraît probable que certains totems, certains boucliers (je n’emploie ces mots que par commodité), doivent avoir la même résonance, doivent susciter la même émotion, quel que soit le regardeur, sa culture, son ethnie.» L’exposition dans la galerie de Jean-Jacques Plaisance empruntait son titre « Nuits talismaniques » à un livre de René Char publié en 1972, La nuit talismanique. Dans son article, Claude Roffat pointe justement l’attention sur la mémoire intrinsèque à l’œuvre créée qui lui vient des matériaux utilisés conjuguée à la mémoire de l’artiste et à la mémoire du spectateur. La nuit joue un rôle primordial dans l’œuvre de Cadiou, on la retrouve à divers degrés. Tout d’abord parce qu’il travaillait la nuit. Il rejoignait son atelier à l’heure où chacun est à ses rêves, veilleur solitaire, il façonnait ses songes à l’heure où l’on perçoit d’autres choses que le visible. Là encore Claude Roffat qui le connaissait bien, apporte un commentaire éclairant : « Cette œuvre, que nous savons surgie de la nuit, l’est doublement. De la nuit de l’artiste d’abord, de sa nuit, quand des forces invisibles l’appellent, et puis d’une autre nuit, plus profonde, immémoriale, celle-là », celle qu’il qualifie de Mémoire Universelle. Enfin, la patine noire, choisie par Cadiou pour unifier ses assemblages est comme le voile d’une nuit noire, une matière plus sensuelle sous la lumière.

Galerie Plaisance
110 Rue des rosiers - Marché Paul Bert Stand 409 Allée 7
93400 Saint-Ouen
arnaudp909@gmail.com
Tel. +33 643599041