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Lot n° 32

HERMÈS JANIFORME DE ZEUS AMMON ET D'UN SATYRE...

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HERMÈS JANIFORME DE ZEUS AMMON ET D'UN SATYRE Art romain, Ier - IIe siècle après J.-C. Marbre H. 26,6 cm Provenance Ancienne collection particulière suisse, 1965 Collection G. Real, Ancona, Suisse Représentant à l'origine le dieu grec Hermès, les hermès avaient la fonction de sanctifier et de marquer les limites ; ils étaient considérés par les Grecs comme des protecteurs des villes et des maisons. Ces sculptures étaient composées du buste d"un dieu ou d"une autre créature mythologique - ou de deux bustes placés dos à dos dans le cas des hermès janiformes - et d"un pilier fixé au sol ou monté dans une base carrée. Le mérite de cet innovant type sculptural revenant aux Athéniens (Pausanias 1.24.3), il y avait de nombreux piliers hermaïques a Athènes, aux carrefours, dans l'Agora, les sanctuaires, à l'entrée de l'Acropole et aux portes des maisons privées. A l'époque romaine, les hermès remplissent une fonction décorative et envahissent les jardins des villas. Ici, les têtes de Zeus Ammon et d"un satyre ont été sculptées dans un seul bloc de marbre, et sont attachées l'une à l'autre du haut de la tête jusqu"au bas du cou et des épaules. Zeus porte une barbe épaisse constituée de rangées de boucles profondément incisées; ses oreilles pointues et les grandes cornes de chèvre recourbées sont des attributs de Zeus Ammon. Avec son front parcouru de profondes rides, ses yeux profondément enfoncés, et ses lèvres pleines et entrouvertes, le personnage projette l'image forte d"un dieu tout-puissant. La figure sur le côté opposé de l'hermès est un satyre, identifiable grâce aux restes des cornes qui jaillissent du haut de sa tête. Ses poils faciaux en désordre et son front plissé contribuent à lui donner un air sauvage qui s"accorde bien avec son statut de compagnon du dieu du vin, Dionysos. Déjà largement répandus à l'époque hellénistique, les hermès janiformes a sujet dionysiaque sont particulièrement fréquents au début de la période impériale et, au Ier siècle après J.-C., les hermès représentant Zeus Ammon sont souvent associés à Dionysos et à des thèmes s"y référant. Ammon, le nom hellénisé pour Amun, était le grand dieu égyptien de Thèbes et la divinité principale du panthéon égyptien; de ce fait, les Grecs l'associaient logiquement à Zeus. C"est la visite d"Alexandre le Grand au temple de l'oracle de Zeus Ammon, dans l'oasis de Siwa, qui rendit le dieu populaire dans le monde grec et donna naissance au mythe d"Alexandre comme étant le fils de Zeus Ammon. l'émission de pièces de monnaie représentant Alexandre coiffe des cornes de Zeus Ammon permit au dieu égyptien un ancrage définitif dans les mythes, la religion et l'art grecs, et, comme le démontre l'exemplaire en examen, contribua à inspirer les images classicisantes produites à l'époque romaine. De nombreuses combinaisons de têtes sont att estées pour des hermès janiformes et beaucoup de divinités étaient représentées sous Cette forme. Des hermès similaires à celui-ci ont été découverts à Pompéi dans la Maison de Marcus Lucretius (fig. 1), la Maison des Amours dorés (fig. 2) et la Maison des Vettii, où ils étaient montes sur de fines colonnes et exposés dans les jardins. Ces oeuvres d"art très spécifiques étaient encore plus en vogue à Herculanum, ou des hermès surmontes de têtes doubles bordaient les sentiers et étaient placés au milieu de la végétation, ou encore près des fontaines ou des piscines. Le reflet de ces sculptures dans les eaux des jardins augmentait le plaisir visuel des visiteurs et créait un effet spatial semblable à l'illusion d"espace perceptible sur les peintures romaines qui ornaient les murs des villas. Dans l'environnement naturel des jardins agrémentés de plantations de buis, de laurier, de lierre, de romarin et de conifères, comme le relatent les sources littéraires anciennes, ces hermès ajoutaient un élément de beauté émanant de la main de l'homme et contribuaient au sens de l'esthétique qui a fait la renommée des jardins richement décorés de l'époque hellénistique puis romaine. Voir aussi pour des Hermes janiformes similaires : Rediscovering Pompeii, Rome, 1992, pp. 259-263, nos. 181-182, en italien et en anglais, et traduction en allemand, Pompeji wiederentdeckt, Rome, 1993, pp. 260-261, nos. 181-182. BURKERT W., Structure and History in Greek Mythology and Ritual, Berkeley 1979, pp. 39-41. WREDE H., Die antike Herme, Mayence, 1985, pp. 29-30 (Zeus), pp. 52-54 (hermes double). Pour les Hermes avec Zeus Ammon and Dionysos, v. : BRIZZOLARA A., Le sculture del Museo Civico Archeologico di Bologna: le collezione Marsili, Bologne, 1986, p. 97, fig. 90-91 ; Museo Nazionale Romano: Le sculture 1, Rome, 1979, p. 31, no. 30.

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