GUERRE DE SEPT ANS. Manuscrit intitulé « Essai... Lot 18

GUERRE DE SEPT ANS. Manuscrit intitulé « Essai sur la campagne de 1757, pour Monseigneur le duc d'Orléans premier prince du sang », sous-titré « Campagne de l'armée françoise sur le bas Rhin, en Westphalie et sur le Weser en 1757 ». [Probablement 1758]. In-4, (2)-115 pp., maroquin bordeaux, dos lisse cloisonné, encadrement de triple filet doré avec fleurons d'angles dorés sur les plats, coupes filetées, tranches dorées, roulette intérieure dorée, doublures et gardes de tabis bleu ; mouillures aux premiers feuillets avec mention grattée au titre (reliure du premier quart du xixe siècle). LE MARECHAL D'ESTREES, VICTORIEUX A HASTENBECK, VAINCU A VERSAILLES. UNE DES PIÈCES PRODUITES LORS DE LA POLÉMIQUE OPPOSANT LE MARÉCHAL D'ESTRÉES AU MARÊCHAL DE MAILLEBOIS. Au début de la guerre de Sept Ans, Louis-Charles-César Le Tellier, futur duc d'Estrées, conduisit une offensive contre le Hanovre dont les rois d'Angleterre étaient Électeurs, et remporta la victoire de Hastenbeck contre le duc de Cumberland le 26 juillet 1757, près de la ville de Hamelin (Hameln). Il était cependant à la Cour la cible d'une campagne de dénigrement, orchestrée par le clan d'Argenson et par la marquise de Pompadour, qui voulaient pousser leurs favoris pour le remplacer. Cette cabale aboutit le 25 juillet 1757 à son limogeage, qu'il apprit le lendemain de sa victoire, et son remplacement par le duc de Richelieu. La situation militaire se détériora alors et la France dut se retirer du Hanovre. Il s'ensuivit une violente polémique : le maréchal de Maillebois, qui avait combattu sous les ordres du maréchal d'Estrées mais qui était acquis au clan d'Argenson, diffusa un mémoire diffamateur contre son chef, et celui-ci répondit par des Éclaircissements. L'affaire se termina en mai 1758 devant le tribunal des maréchaux de France, qui donna raison au maréchal d'Estrées. UN RÉCIT MILITAIRE ÉQUILIBRÉ, CLAIR ET PRÉCIS. Les erreurs du maréchal d'Estrées ne sont pas dissimulées, et la chance que représenta pour lui la retraite précipitée et peu compréhensible du duc de Cumberland y est clairement évoquée. En revanche, l'auteur rend justice à son action sur l'ensemble de la campagne et évoque sa disgrâce avec une réprobation polie : « Ce fut la tournure que la Cour jugea à propos de donner au rappel du maréchal d'Estrées... D'Estrées eut la satisfaction foible et vaine d'être regretté par ses censeurs, par le soldat, par l'officier, par l'armée entière ; et cette autre satisfaction plus solide de ne laisser rien à faire à son successeur » (p. 101). L'AUTEUR ÉVOQUE PAR AILLEURS A PLUSIEURS REPRISES LE RÔLE A HASTENBECK DE SON DÉDICATAIRE LE DUC D'ORLÉANS. Petit-fils du Régent et grand-père du « roi des Français », Louis-Philippe d'Orléans (1725-1785) avait honorablement servi dans les différentes campagnes de la guerre de Succession d'Autriche, et reçut en 1757 le commandement en second sous les ordres du maréchal d'Estrées. Sa présence est mentionnée à plusieurs reprises dans le texte : « Trois princes du sang se préparoient à participer à ses succès. Le prince de Condé et le comte de la Marche [futur prince de Conti] devoient y faire leur première campagne, et le duc d'Orléans, premier prince du sang, vouloit y servir en sa qualité de lieutenant général. Tant de zèle ne pouvoit manquer de contribuer à l'encouragement du service et à la gloire des armées françoises » (p. 26). PROVENANCE : COMTE DE LUDRE. Dans une mention manuscrite au crayon sur la seconde garde supérieure, il précise : « Je crois cet ouvrage fait par le maréchal de Beauvau. Il provient de ses papiers et de sa succession ». L'historien et publiciste Gaston-Alexandre de Ludre (1830-1897), grand bibliophile avait en 1858 épousé Élisabeth de Beauvau-Caron (1842-1898), issue en ligne directe de Ferdinand de Beauvau-Craon (1723-1790), frère cadet de Charles-Juste de Beauvau-Craon (1720-1793). Ce dernier, qui fut élevé à la dignité de maréchal de France en 1783, avait entre autres servi en Allemagne en 1757 sous les ordres du maréchal d'Estrées et avait combattu à Hastenbeck.