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Lot n° 273

Jean ARMAND, attribué à

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Bureau à brisure. Bois résineux, noyer, ébène, écaille teintée en rouge, ivoire, laiton doré Paris, avant 1670. Hauteur : 74 cm - Largeur : 99 cm - Profondeur : 58 cm Ce bureau brisé à deux corps de tiroirs latéraux et un caisson médian, allie l'élégance des formes avec le raffinement du revêtement en écaille teintée en rouge, disposé pour former des compartiments soulignés de filets d'ivoire, aussi bien sur le plateau que sur les côtés, ainsi que sur le grand tiroir rabattable, qui occupe toute la largeur de la façade en ceinture. Le plateau est décoré en son centre d'un grand médaillon octogonal entouré d'une frise de fleurons et palmettes en ivoire sur fond d'ébène, inscrit dans une ample réserve rectangulaire aux angles évidés, laquelle, avec une seconde frise forment le large encadrement du plateau, les deux ornées de petits fleurons d'ivoire aussi sur fond d'ébène. Ce second encadrement comporte aux angles des compartiments suggérant une forme de coeur et au milieu de chaque côté, des médaillons rectangulaires aux extrémités cintrées. Les tiroirs et le vantail médian ainsi que les montants sont à leur tour soulignés de petits fleurons sur fond d'ébène. Aux extrémités du grand tiroir en ceinture sont disposés deux doubles fleurons entourés de volutes en ivoire sur fond d'écaille rouge, formant la partie supérieure des montants latéraux du bureau. Il repose sur huit pieds en gaine, à embases et à chapiteaux en bronze doré, réunis par une double entretoise en H terminée par deux parties en demi-cercle réunissant les pieds sous chaque corps de tiroirs. On peut relier notre bureau à une série de meubles entièrement recouverts en écaille rouge, dont le décor assez épuré et disposé en compartiments est réalisé en ivoire, parfois en bois de rapport, et qui ont été attribués à l'ébéniste Jean ARMAND (1), dont la signature fut retrouvée depuis sur une petite cassette (2) et sur un coffret exécuté pour L'Institution de l'Oratoire, ce dernier conservé par le Musée du Grand Siècle à Saint-Cloud. On retrouve une disposition quasi-identique du décor notamment sur le plateau d'une table (3) (fig. 1) et sur une autre aux écoinçons en forme de coeur (fig. 2), les deux à dominante d'écaille teintée en rouge vif. Une troisième table (4) et une quatrième (5) (fig. 3-4), à des motifs plus élaborés, restent cependant assez proches de ces deux autres et de l'esprit de notre bureau. Le décor de ce groupe de tables évoque également celui de deux cabinets recouverts d'écaille rouge, l'un passé en vente en 1966, l'autre faisant partie de la collection de VOGUË, au château de Vaux-le- Vicomte. On ignore la date et le lieu de naissance de Jean ARMAND. D'origine germanique, son vrai patronyme était HARMENS, et son prénom Jan, francisés en Jean ARMAND. Il arriva à Paris avant 1640, car cette année, il habitait déjà rue des Blancs-Manteaux et était qualifié de menuysier du Roy en ébeine. ARMAND habita par la suite, en 1649, en la basse-cour du palais d'Orléans (qui était alors le palais du Luxembourg et appartenait à Gaston d'ORLÉANS, oncle de Louis XIV), puis rue du Faubourg-Saint- Honoré, lorsqu'il épousa en 1659, Charlotte PICART, fille de Jean-Michel PICART, peintre de l'Académie royale dès 1651 et plus tard peintre du Roi, à partir de 1671. Jean ARMAND décéda en mai 1670, dans sa dernière demeure située rue et devant le Temple, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs dont le contenu révélant une certaine aisance bourgeoise fut inventorié, ainsi que la boutique et une chambre se trouvant dans l'enclos du Temple. ARMAND devint Maître entre 1640 et 1649. En 1658, il était dit Maître esbénier de Son Altesse Royalle Mgr le duc d'Orléans, en 1659, Maître sculpteur en ébeyne et de la Reyne, et cette même année, ébéniste de la Reine et du duc d'Orléans, puis, en 1670, seulement ébéniste de la Reine (7). Depuis le 1er mars 1664 et jusqu'à la fin de sa vie, il fut engagé également dans les travaux des Bâtiments du Roi qui lui versèrent, à partir de 1668, trente livres de gages annuels (8). Son fonds de commerce inventorié par les ébénistes Jean THIERY et Michel CAMPE dévoilait un atelier bien achalandé en différentes espèces de bois, en écaille, ivoire et étain, comme par exemple les dix-sept morceaux d'yvoire, avec dix-sept pièces de marqueterie d'yvoir, esbeine et escaille et quelques rainceaux, ou bien, un dessus de guéridon et dix-sept pièces de marqueterie d'estain, aussi deux corps d cabinets imparfaicts, avec leurs châssis d'en bas, le tout de marqueterie d'yvoir et d'esbeine, etc. A l'instar de son beau-père, Jean-Michel PICART, ARMAND s'adonnait au commerce de peintures qui furent inventoriées en nombre dans sa demeure et dans sa boutique. Hormis la famille royale (plusieurs pièces ornées de fleurs de lys sont répertoriées, dont notamment deux coffrets armoriés d'un écusson fleurdelisé timbré d'une couronne de prince du sang), ARMAND livra divers particuliers parmi lesquels on

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